La Bible et la Loge

La Franc-maçonnerie est fondamentalement chrétienne et ainsi associée à la Bible, première des trois grandes Lumières de la Franc-maçonnerie, indépendamment des évolutions ultérieures.

Philippe Langlet s’intéresse à la place et à la fonction de l’objet Bible au sein de la Franc-maçonnerie, dans son décorum, dans ses rituels, dans ses engagements. Il remarque l’importance de la question des traductions car le texte même de la Bible est une matière qui se travaille en Loge.

La Bible est associée à l’ouverture et à la clôture des travaux. Elle est présente dans les instructions comme dans les prières maçonniques. Le rapport à la Bible en Franc-maçonnerie est dynamique. Philippe Langlet montre comment la recherche historique sur les textes composant la Bible, mais aussi sur les apocryphes, fait évoluer ce rapport et les interprétations. Ainsi, l’épisode de la captivité des Hébreux et de leur libération est passé d’une interprétation littérale à des développements initiatiques, ontologiques, spirituels, pluriels.

L’un des aspects les plus intéressants de cet ouvrage réside dans le questionnement de l’usage référencé fait des mots « justifié », « accepté », « reçu ». Le recours à la Bible et notamment aux écrits de Paul permet ainsi de rapprocher le mot « accepté » du mot « adopté ».

« Paul, nous dit l’auteur, cherche à prouver aux Galates qu’ils sont affranchis de la loi juive parce qu’ils ont adopté la nouvelle Loi. On peut dire alors qu’on est affranchi du monde en adoptant le royaume. On est adopté, ou accepté, par l’Alliance Nouvelle qui s’établit entre soi et l’esprit, l’homme et le divin. L’adoption est une autre manière d’exprimer le renoncement à une vie ancienne et l’entrée dans une nouvelle, dégagée des contraintes de la matière. »

Certains textes maçonniques anciens comme le Ms Dumfries transfèrent les qualifications du chrétien au Franc-maçon toujours dans le paradigme d’une libération. De même, la justification, la réception doivent être envisagés dans une perspective similaire, éminemment spirituelle, découlant de l’adoption.

De la même manière, Philippe Langlet interroge les procédures de reconnaissance qui devraient être en usage à l’accueil des visiteurs et les « évidences » qu’elles véhiculent dont celle de la référence à une Loge de St Jean.

Il suggère, et c’est d’une grande pertinence, que la clé de la Loge est le langage et réside, entre autres, dans la distinction entre les différents niveaux logiques qu’il véhicule. Plusieurs investigations naissent de cette prise de conscience de la fonction du langage et de la variance du sens des mots selon les niveaux logiques où ils sont entendus. Il en résulte des propositions du plus haut intérêt. Ce n’est pas seulement un intérêt intellectuel mais aussi un intérêt opératif car cela oriente et détermine les praxis.

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