L’orgone

L’ouvrage tout à fait remarquable de François Trojani est bien davantage qu’un essai sur les recherches de Wilhelm Reich sur l’orgone. Il s’agit d’une vaste synthèse sur les travaux, souvent marginalisés, de nombreux chercheurs qui se sont approchés de ce qui est désigné sous différentes appellations : orgone, aether, ether, énergie libre, universion, esprit du monde (Paracelse)… cette Force à la fois évidente et insaisissable qui semble être la trame de l’univers et de la matière. Dans ces pages, nous retrouvons, outre Reich qui sert de fil rouge à ce livre, de très nombreux chercheurs dont les réalisations furent exemplaires : Tesla, Lakhovsky, Boutard, Laville, Wheeler… pour ne citer que quelques noms parmi les dizaines de personnalités qui ont cherché à comprendre le réel et à en déduire des applications.

C’est la particularité et la force de ce livre de lier théorie, parfois métaphysique, et applications pratiques, notamment dans le domaine thérapeutique car, nous dit François Trojani, « tout déploiement de la Force ou de l’un de ses rayons, comme c’est le cas pour l’orgone, et dans la mesure ou une action biologique ou autre est constatée, devrait pouvoir se vérifier et en principe, être mesurable. »

Les questions posées dans ce livre sont vastes : le vide, la matière, l’univers, l’information, la polarité, les métaux, les géométries, les nombres, les formes, la lumière, le temps, sont interrogés, nature et fonction, afin, non pas d’affirmer des vérités mais de sortir des enfermements actuels de la pensée scientifique pour ouvrir, ou réouvrir, de nouvelles perspectives, autoriser de nouveaux paradigmes.

« Des siècles de réflexion, d’imaginaire et d’art ont fait que les hommes se sont approchés de très prêt du mystère des formes. Pourtant, un banal constat s’impose. Ce ne sont pas ces travaux mathématiques, géométriques ou autres qui les font exister ou les maintiennent ; j’ajoute, dans le cas de la morphogénèse, encore bien moins les 20000 gènes répertoriés. Il semble bien que les formes préexistent et s’organisent, non seulement en fonction de lois mathématiques, mais qu’elles sont aussi régies par des pures conjonctures abstraites. Ce sont ces routes, ces archétypes, les schémas invisibles de ces fractales que suivent les atomes, les galaxies, les cristallisations et sans doute, les points d’acupuncture eux-mêmes afin de manifester en surface les profondeurs du corps ou certains nœuds émergeant de la vie. C’est une géométrie qui aménage l’espace où vient se loger la matière et se manifester, - en partie seulement, souvent analogiquement et sous formes d’informations –, l’immense océan du Tout. »

Le niveau informationnel est privilégié dans les applications concrètes qui découlent de ces explorations. Si François Trojani revient longuement sur la construction du générateur d’orgone (qui n’a rien à voir avec les prétendues orgonites ou autres pyramides d’orgone qui sont commercialisées ici et là) mais présentent également de nombreux dispositifs, simples ou complexes permettant de vérifier, prendre en compte ou orienter l’action de cette énergie fondamentale. Des comptes-rendus d’expériences viennent étayer le propos théorique ou remettre en cause certaines recherches qui méritent d’être revues ou approfondies.

Il faut saluer le travail fondamental de François Trojani qui donne un cadre, ouvert, et une pensée globale dynamique à de nombreuses recherches et expériences trop souvent isolées. En multipliant les liens et les perspectives, en s’appuyant sur les recherches les plus avancées dans le domaine quantique, en se référant parfois à d’anciennes traditions ou de grandes métaphysiques sans jamais oublier d’illustrer ses propositions par l’expérience pratique, il nous offre la possibilité d’une restauration à la fois scientifique et philosophique basée sur l’incertitude, une incertitude salutaire tant elle ouvre sur des possibles multiples et créatifs et place au centre de ces interrogations le sujet de la conscience.

« Sans vouloir défendre l’idée d’un tout « physicaliste », nous dit François Trojani, darwiniste ou matérialiste, mais vu que l’univers apparaît bien comme n’ayant ni début , ni fin, ni bord, – autant de propriétés quasiment métaphysiques, et que l’on attribue généralement à l’Esprit pur ou à la Cause –, je pense que c’est d’une particule de ce limon primitif et éternel que la forme, la chair et la vie ont jailli ; et que c’est dans ce chaos bouillonnant que l’esprit, encore à peine « jaillissant » quant à lui, puise son information d’être, est à la recherche de sa cause en cherchant celle de cet univers, à la fois éternel, et « internel » en lui. Sans vouloir choquer ni scandaliser qui que ce soit, je pense que les notions de spiritualité et de Dieu lui-même sont comme « des cerises sur le gâteau ». Il est déjà pour le moins convenable, précédant l’atteinte imaginée comme possible d’un absolu, d’examiner attentivement le corps de cette création. »

L’exploration, très pragmatique, à laquelle nous sommes ainsi conviés, est aussi nécessaire que passionnante, tout autant sur le plan individuel que pour l’espèce humaine qui se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins.

Source: La lettre du crocodile  

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