Trois pas en loge bleue par Laure Bellier

Le recueil pratique de planches pour les minutes de symbolisme consacré au grade d’Apprenti de Laure Bellier allie la qualité de l’écriture et la pertinence de l’approche qui cherche à faire vivre les symboles plutôt qu’à les geler dans des mornes définitions. Elle sait partager avec simplicité tout en introduisant à la subtilité symbolique.

Il n’est pas anodin qu’elle commence cette série de trente textes sur « L’expérience du vide ou du manque à la quête ». L’expérience du vide est pour elle fondatrice, expérience initiale et expérience nécessaire pour se mettre en recherche de plénitude. Elle propose d’apprendre à accepter la vacance comme un préalable inaugurant un nouveau cycle d’évolution, ce qui caractérise son rapport au symbolisme :

« Le symbolisme, dit-elle, je le vois comme un perpétuel mouvement, une construction jamais achevée élaborée à partir d’une nourriture variée, constituée d’apports divers, aux saveurs parfois étranges et souvent surprenantes. Ce sont quelques-unes de ces saveurs et quelques-uns de ces apports que je vous propose de partager en parcourant ces courts textes, que j’ai conçus comme de petits cailloux semés ça et là pour éclairer différentes voies d’accès à la connaissance du monde du Temple. » Plutôt que d’assommantes vérités symboliques, Laure Bellier préfère les éclairages furtifs qui révèlent, appelant parfois la poésie pour évoquer :

« V.I.T.R.I.O.L. ou l’acronyme mystérieux

 

Tandis que, Visitant chaque jour un peu plus l’Intérieur de lui-même,

L’Apprenti s’attache à percer lentement les secrets de la Terre, sa Terre,

Ce qu’il y cache s’y terre et l’attend. Patiemment.

Par ce travail acharné et précis, grâce auquel il remet d’aplomb, épure et Rectifie

Par ce labeur douloureux, parfois, Impitoyable,

Comme un enfant dessine dans le sable humide,

Il trace du doigt une ligne tendue vers la lumière.

Celle qui luit dans l’Ombre, au plus profond,

Parce que plus précieuse,

Parce qu’unique,

Parce que sienne.

Parce que née de l’union des Larmes et du rire. »

 

Ce qui ne l’empêche pas d’être très pédagogique à travers l’enchaînement des mots et de porter les sens qui demandent, exigent l’approfondissement et l’engagement dans le procès initiatique.

« Avez-vous remarqué comme certains symboles nous parlent ou comme si, les regardant, nous les entendions qui résonnaient en nous d’une voie familière ? Et comme d’autres au contraire demeurent pour nous opaques et mutiques ?

Et si nous nous observons un peu, si nous prenons le temps de marquer des pauses réflexives dans notre cheminement, je pense que nous pourrions être surpris parfois de constater que tel symbole qui nous parlait hier ne nous dit plus rien aujourd’hui tandis qu’un autre, objet inanimé et jusque là insignifiant, nous est à présent luminaire.

Peut-être est-il même plus instructif de travailler sur ce qui ne nous dit rien que sur ce qui nous semble transparent. »

Nous le voyons, plutôt qu’un catalogue explicatif des symboles comme il en existe tant, Laure Bellier offre pas à pas au lecteur attentif une véritable méthodologie non contraignante permettant de traverser la forme littérale du symbole pour accéder aux dimensions analogique, métaphorique, poétique et l’absorber soit « se rendre sensible à sa voix », « se laisser soulever, portes grandes ouvertes, par lui puis conduire là où nous conduisent les échos qu’il suscite en nous. Et observer ce qui se joue alors. »

Source: La lettre du crocodile  

VOUS AIMEREZ AUSSI

Haut