Les Serpents du Temps. Lettres-Serrures-Clés

Voici un ouvrage qui aurait satisfait Louis Boutard. Yves Jacquet nous invite à explorer le verbe et l’espace-temps, leurs liaisons et les rapports entre les lettres et les nombres. Le grand intérêt du livre est de ne pas repasser par une langue dite sacrée, hébreux, grec ancien, sanskrit, mais de travailler directement avec le français. Antonio Telmo avait déjà signalé cette possibilité dans son ouvrage Philosophie et kabbale (disponible pour le moment seulement en portugais).

Le graphisme des lettres, les sons, les vibrations, les nombres sont la matière, le support et le vecteur d’une exploration sans fin mais qui fait sens à chaque étape.

Yves Jacquet utilise l’alphanumération. En effet, « les alphabets cicumméditerranéens ont été très tôt numérisés. Au moins en l’an 800 avant J.C. pour l’alphabet égyptien et en 600 avant J.C. pour l’alphabet grec. », faisant correspondre à chaque lettre un nombre indiquant sa place dans l’alphabet.

Il considère que « la lettre est féminine et le nombre masculin (ce qui prouve une nouvelle fois que le verbe est androgyne) ».

Plusieurs clés sont utilisées : le palindrome et l’anagramme pour les lettres, les nombres constitutifs (nombres de 1 à 9) et les nombres opératifs (nombres composés d’au moins deux chiffres) pour les nombres.

Jusque-là, rien de très nouveau direz-vous mais Yves Jacquet introduit une distinction d’importance. Les nombres constitutifs ne nécessitent pas « de mouvement oculaire pour prendre conscience de leur valeur numérique » contrairement aux nombres opératifs. Ces derniers « opèrent dans le temps. En cela, ils sont temporels ».

L’alphanumération permet d’établir des correspondances multiples par une voie (ou voix) des lettres, une voie des nombres et une voie liant lettres et nombres. Les possibilités offertes permettent par le jeu des correspondances de dégager une réelle connaissance. Yves Jacquet multiplie les démonstrations pour mettre en évidence les jeux de miroirs et les significations, toujours en mouvement, auto-générant en cascade de nouveaux sens. Il renouvèle d’une certaine manière la langue des oiseaux et offre au lecteur la possibilité de décrypter les textes, sacrés ou non. Yves Jacquet croise de nouveau les fondements traditionnels quand il distingue deux serpents du temps :

« Le premier serpent, passif, lové sur lui-même et présentant deux têtes regardant dans deux directions opposées représente la vibration première du temps complexe, celle qui sous-tend le verbe « désintriqué », des premiers instants de l’univers juste avant l’inflation. Le deuxième serpent en mouvement, ondulant sur le sol, représente la vibration à sens unique, du temps réel « intriqué », accompagnant l’inflation de l’univers. La différence entre le temps réel et le temps complexe est dans le mouvement. Le temps complexe a toutes les possibilités de mouvement, mais elles restent en devenir. Tout peut se réaliser mais rien ne l’est encore. Il s’agit d’un temps potentiel. »

Ce travail mérite véritablement d’être étudié. Les difficultés, qui naissent du croisement des correspondances et des reflets entre niveaux de correspondances, s’éclairent par la répétition des exemples. Un DVD complète le livre pour les démonstrations les plus complexes.

Source: La lettre du crocodile  

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