Coronavirus. Journal d’un confiné

Si la quasi-totalité des journaux de confinés sont sans intérêt, celui-ci sort du lot en raison de son double positionnement. Il est une sorte de mémoire de réparation offert à Didier Raoult, inscrit dans la lutte pluricentenaire des marseillais contre le mépris parisien et une réflexion sur le sens et le métasens de la situation que nous traversons (ce n’est pas terminé).

La vague de contestations, et d’injures, lancées contre la démarche pragmatique de Didier Raoult en dit long sur notre incapacité de pensée. Nous ne nous attarderons pas sur les sorties stupides et lamentables des Karine Lacombe, Laurent Alexandre ou autre Daniel Cohn-Bendit mais des difficultés à entendre, distinguer, comprendre chez des personnes mesurées. A la lecture de ce journal, et des nombreux articles publiés ici et là dans la presse, le lecteur prend conscience de l’incapacité de personnes, réputées intelligentes, à distinguer les niveaux logiques. On ne peut en effet analyser de la même manière une réponse thérapeutique mise en œuvre dans l’urgence pour sauver des centaines de personnes de la mort ou d’atteintes permanentes et la recherche de réponses thérapeutiques sur le long terme. Elles ne répondent ni aux mêmes méthodologies ni aux mêmes validations. Les tempos diffèrent totalement. La validation du terrain ne peut être comparé à celle du laboratoire jusqu’à ce qu’une convergence puisse se mettre en place, à moyen ou long terme. Thierry E. Garnier illustre au jour le jour cette accumulation de hiatus et montre que la première nécessité est de déconfiner les esprits.

L’autre dimension du livre, celle du sens, attire notre attention sur « le signe des Temps » que pourrait constituer cette pandémie :

« On peut dire aujourd’hui, en ce début de XXIème siècle, qu’il est bien certain que l’arrivée impromptue du coronavirus, en tant que signe des Temps, a joué un rôle essentiel de catalyseur sur la psyché des hommes durant près de deux mois et a mis l’humanité à genoux, non pas en prières mais en prostration, face à deux interrogations majeures : quel est le sens de la vie et quel est le sens de la mort ? »

Nos sociétés européennes, non touchées par la guerre sur leur territoire depuis le deuxième conflit mondial, ont construit une vaste illusion collective qui a volé en éclat. La majorité des populations semblent prête à la reconstruire au plus vite par un assemblage de dénis encouragés par les gouvernants soucieux de recapitaliser au plus vite. Mais, un nombre croissant de citoyens exige un nouveau paradigme plus lucide et plus juste.

« Nous voilà, constate Paul-Georges Sansonetti, innombrables de par les continents, prisonniers volontaires, incarcérés dans nos logements au sein de villes aux avenues angoisseusement vides, pareilles aux peintures de Giorgio De Chirico. On voit et on vit cela sans vraiment parvenir à y croire. Un mauvais rêve porteur d’évidents symptômes de cauchemar a subverti notre monde supposé maîtrisé, assujetti à nos programmations politico-économiques. »

Thierry E. Garnier navigue entre presse, sciences, témoignages bruts et poésie, symbolisme pour offrir une peinture sans retouche de la période que nous vivons, néfaste mais porteuse d’une superbe ouverture :

« Nous explorerons les sources souterraines qui occupent en permanence le monde de l’invisible et disserterons sur la vision que nous avons des événements et des faits divers tels qu’ils se présenteront à nous sous forme de symboles. A travers documents, anecdotes ou articles de références puisés dans la presse quotidienne, les médias traditionnels, Internet ou grâce à des approches personnelles avec notre entourage amical ou médical susceptible de nous éclairer sur certains points techniques, nous allons tenter d’illuminer avec nos mots quelques zones d’ombres arriérées perçues dans les interstices du Temps, à notre manière. »

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