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Cet ouvrage témoigne d’un événement culturel. Le Colonel de Rochas (1837-1914), militaire de carrière, polytechnicien qui fut administrateur de l’Ecole Polytechnique, garante de la démarche scientifique, n’était certes pas le plus attendu sur la question des réincarnations, ou vies successives. Spécialiste d’histoire militaire, auteur de nombreux essais sur le sujet, notamment sur les fortifications érigées par Vauban, il s’est pourtant passionné pour ce sujet qu’il chercha à étudier avec la même rigueur que ses thèmes habituels, par la médiation de l’hypnose. Précurseur, il prenait là un risque certain pour sa réputation.

On ignore encore exactement ce qui le conduisit à ces investigations. Cependant, comme le note Anne-Marie Bruyant dans sa présentation de l’ouvrage, le contexte était favorable, l’hypnose intéresse médecins, chercheurs et public depuis Mesmer puis Charcot. « C’est donc, nous dit-elle, tout de suite après une période considérée comme l’âge d’or des travaux sur l’hypnose, entre 1882 et 1892, qu’Albert de Rochas entreprend son enquête. » La période, lui semble même plus ouverte scientifiquement que ce début de millénaire.

Si le Colonel de Rochas n’est pas le premier à s’intéresser au sujet, il est sans doute le premier à mettre en place une méthode précise, non dogmatique, relevant aussi bien les échecs que les succès.

Dans la première partie de l’ouvrage, le Colonel expose, avec les connaissances de l’époque, plusieurs systèmes de croyance réincarnationniste depuis l’Antiquité. La deuxième partie rend compte d’expérimentations conduites avec diverses personnes qui pourraient être considérées probantes. Mais le Colonel est prudent : ce « ne sont en réalité que des matériaux à l’état brut. C’est à l’avenir qu’il appartiendra de discerner la part de vérité qu’elles contiennent. ».

Dans la troisième partie, il évoque d’autres phénomènes analogues comme la précognition, les réincarnations prédites et effectuées, l’effet du magnétisme, le corps astral ou fluidique, les régressions de la mémoire consécutives à un accident ou au moment de la mort…

Enfin, dans la dernière partie, il examine les objections et les hypothèses. Il s’interroge sur le spiritisme, aborde l’évolution de l’âme et entrevoit une religion de l’avenir organisée autour de la question des vies successives. Il conclut en appelant aux travaux futurs de recherches et en citant Kant :

« En ce qui me concerne, l’ignorance où je suis de la manière dont l’esprit humain entre dans ce monde et de celle dont il en sort, m’interdit de nier la vérité des divers récits qui ont cours. Par une réserve qui paraîtra singulière, je me permets de révoquer en doute chaque cas particulier, et pourtant de les croire vrais dans leur ensemble. »

La réédition de ce livre était nécessaire. Elle intervient à un moment où l’hypnose, notamment médicale, est en plein développement et ces questions resurgissent dans un tissage scientifique fort différent, notamment avec l’apport des sciences quantiques.

Source: La lettre du crocodile  

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