Les mystères véritables : Origène en confrontation dans le Contre Celse

Au IIème siècle de notre ère, païens et chrétiens se livraient une farouche concurrence, tant sur leur doctrine religieuse que dans leurs pratiques. Les premiers, installés autant dans les mentalités que sur les territoires, depuis fort longtemps, vénéraient Athéna, Bacchus ou Mithra. Les seconds, réformateurs de la loi de Moïse, nouveaux et numériquement minoritaires, se référaient à l’amour du Père, à la résurrection des corps et au salut. A cette époque la question des « mystères » de l’existence, de la nature, du cosmos et des Dieux occupait une place prépondérante dans la vie de chacun.

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Conséquemment, superstitions, idoles et gnoses étaient légion. Des cultes et des croyances que la taxinomie (science des classifications) qualifiera par la suite d’« hérésies ». 

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« Juifs et Chrétiens n’ont rien emprunté aux Perses quant à l’entrée des âmes dans la vie divine » Origène.

Celse, philosophe romain néo-platonicien, écrivit en 176 un ouvrage très critique envers les chrétiens : son « Discours véritable », dans lequel il soulignait l’incivisme, l’ignorance et l’anthropocentrisme de cette dissidence judaïque. Quelques décades plus tard, le célèbre théologien Origène, père de l'exègèse, alors au crépuscule de sa vie, se fendit d'une réponse : « Contre Celse ».

Marie-Odile Boulnois nous resitue le contexte global de ces deux œuvres – la critique et la réponse - cela à la fois dans leurs dimensions géopolitique que philosophique. Ensuite elle analyse les dissonances sur le fond, tenant autant à la place qu'à la question et véracité de ces « mystères ».

Les promesses illusoires, et l’orgueil, qui bercent une certaine gnose, l'irrationnalité des mystères païens, le plagiat, le travestissement et l’élitisme reproché au christianisme alors naissant seront autant de thèmes que Marie-Odile Boulnois abordera.

Si Origène reconnaissait à ses adversaires (païens ? épicuriens ? éclectiques ?) la solidité de leurs recherches et la sincérité de leur démarche, en revanche, il critiqua ouvertement leur méthodologie. L’éthique avant la théologie.

Ces écritures seraient-elles porteuses, en elles-mêmes, de ces « mystères véritables » ? Une voie d'accès à ce Logos et Verbe, alors pourtant communs ?

Deux mille ans se sont depuis écoulés depuis ces « disputationes » des plus intéressantes. Notre méthodologie s’est-elle pour autant affermie ? Les idoles et autres promesses abrasées au fil du Temps ?

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Un exposé enregistré à l’INHA, Paris, le 20/09/2018. Colloque international organisé par Nicole Belayche (EPHE, PSL / AnHiMA), Philippe Hoffmann (EPHE, PSL / LEM) et Francesco Massa (Université de Genève), auxquels nous adressons nos remerciements. NB : le titre original de l’intervention était « Les mystères véritables » : Origène en confrontation dans le Contre Celse et les nouvelles Homélies sur les Psaumes.

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