Approche jungienne de l’astrologie

Les livres intéressants traitant d’astrologie sont rares aussi l’ouvrage de Jean-Pierre Nicola doit être signalé avec insistance. Fruit d’un travail de recherche dans le cadre d’un Doctorat, sous la direction du Dr. Lee Gladen, par son approche à la fois originale et rigoureuse, le texte qu’il nous propose, ni traité d’astrologie, ni traité de physique, est « une confrontation strictement philosophique entre deux approches différentes de la globalité, l’une par le symbole, l’autre par le signal. ».

Jean-Pierre Nicola débute sa recherche par le « Un », sous l’angle mathématique, pour arriver aux archétypes jungiens. En effet, Jung s’est intéressé aux Nombres dans une « logique qualitative qui privilégie l’ordinal plutôt que le cardinal, l’intensif plutôt que l’extensif » et, précise-t-il « on comprend que les nombres de l’ensemble de Jung, pour être « archétypiques » doivent être entiers, ordinaux et particuliers ».

Il nous donne quelques exemples pour comprendre la relation entre symbole et signe en s’appuyant sur le classique Dictionnaire des symboles publié chez Laffont en 1969 :

« La plupart des symboles sont des images qui prennent souvent leur origine dans des signaux concrets. Ainsi, l’UN, dans un dictionnaire des symboles est à l’image de « … l’homme debout : seul être vivant jouissant de cette faculté, au point que certains anthropologues font de la verticalité un signe distinctif de l’homme plus radical encore que la raison ». L’extension du signal homme debout → verticalité conduit à la pierre dressée, au phallus érigé, au bâton vertical, à l’arbre, etc., également symboles imagés de l’Un en tant que singularité. »

Les rapports entre Un et multiple conduisent à la notion d’individuation chère à Jung, notion qui s’oppose à l’individualisme (identification au masque, Persona), pour faire le choix d’un procès conduisant au « Soi ». Jean-Pierre Nicola poursuit naturellement par l’exploration de la dualité, les dyades, couples d’opposés, très importants dans la pensée jungienne mais aussi en physique classique. Viennent ensuite, ternaire et triades, quaternaire et tétrades avant de traiter de la globalité et de la synchronicité.

Avec la synchronicité, nous sortons de la conception linéaire du temps et des relations causales classiques, nous sommes dans d’autres rapports aux temps, qui nous sont plus familiers aujourd’hui grâce à l’évolution de la recherche en astrophysique et nous approchons la possibilité d’une acausalité qui est commune aux grandes métaphysiques non-dualistes.

C’est à ce moment de son travail que Jean-Pierre Nicola introduit l’astrologie, qu’étudia Jung, notamment de manière statistique, à la recherche de causalités. Il en cerne les limites, compare à d’autres travaux et élargit les perspectives.

« Quels résultats statistiques à attendre à partir du « duo-duel » psychologique et réaliste qui implique que l’on peut s’aimer autant que se haïr, parce qu’on se rassemble, autant que parce qu’on s’oppose ? Aucun si l’on n’introduit pas des paramètres extra-astrologiques : âge, culture, croyance, etc.

Par définition, l’astrologie conditionaliste, et c’est là un principe qui remonte à Claude Ptolémée, n’est pas déterministe. (…) En conditionalisme l’essentiel n’est pas de prouver l’astrologie mais de la comprendre. »

L’ouvrage s’achève par une introduction à la psychophysiologie et à certaines de ses applications, les typologies, celles d’Hippocrate, de Jung, de Claude Sigaud et Léon Mac Auliffe, de Louis Corman et d’autres. Il glisse vers la neuropsychologie et ses applications et termine par le logoscope et le modèle RET qui associent les possibilités offertes par l’astrologie et certains aspects neuropsychologiques.

Le questionnement de l’auteur demeure permanent ouvrant tant sur des approfondissements que sur des élargissements.

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