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Gérard Van Rijnberk, Docteur en médecine, fut Professeur à l’Université d’Amsterdam dans la première partie du siècle dernier et membre de l’Académie royale des Pays-Bas.

Il faut aussi l’auteur de plusieurs ouvrages et travaux de qualité sur l’ésotérisme. Son ouvrage sur le Tarot, édité pour la première fois en 1947, reste une référence. Cette réédition est bienvenue.

Dans sa préface, Gérard Van Rijnberk dit l’esprit de queste, de découverte, d’exploration qui doit animer celui qui s’intéresse à une tradition inconnue. Ce même esprit devrait animer celui qui veut pénétrer l’enseignement délivré par le Tarot.

L’ouvrage propose trois parties distinctes qu’il désigne comme travail de compilation puis œuvre d’érudition et enfin résultats de méditations ou inspirations personnelles.

La première partie traite de l’origine des jeux de cartes à jouer, sur leurs fonctions, leurs voyages au hasard de la rencontre des cultures et de l’apparition des cartes du Tarot, jusqu’à une reconstitution hypothétique du Tarot primitif ou supposé tel. A l’époque, Gérard Van Rijnberk s’est basé sur des archives : actes de notaire, vieilles chroniques locales, lois et défenses, décrets pénaux et fiscaux mentionnant les cartes à jouer. Bien entendu, depuis son époque la recherche a beaucoup progressé sur l’histoire des cartes, leurs fabrications, leurs développements.

La deuxième partie puise dans les écrits de penseurs et érudits des éléments pouvant traduire les images tarotiques. Gérard Van Rijnberk cherche également dans les œuvres d’art des prototypes ou des composants de ces mêmes images. Pour la plupart des lames, il propose un ensemble de références dans les belles-lettres puis il fait de même pour les beaux-arts. Ainsi, pour la mort, il en appelle aussi bien à Hésiode, Lucien, qu’au diacre Lothier, devenu le pape Innocent III, ou au moine cistercien Hélinant. Dans l’art, il explore les représentations antiques grecques et romaines avant d’inviter Hans Holbein, Dürer, ou d’autres artistes parfois anonymes. Cette partie, fort riche, est passionnante, surtout quand Gérard Van Rijnberk fait dialoguer la littérature avec la peinture ou la sculpture.

La troisième partie est consacrée à l’ésotérisme du Tarot. Gérard Van Rijnberk traque les indices d’un sens caché du Tarot dans ses relations avec les sciences traditionnelles, astrologie, magie, alchimie… mais aussi avec des cultures diverses, indiennes ou celtes par exemple. Il met en évidence certaines orientations archétypales et n’oublie pas d’insister sur la discipline de l’arcane :

« On peut cueillir dans l’image de l’hermite encore un avertissement salutaire pour tout homme qui s’occupe du Mystère : la nécessité de l’occultation des recherches, des connaissances et des résultats occultes obtenus. Omne secretum magicum divulatum impotens dit : « un secret magique divulgué perd son pouvoir ». Le vrai mystique, l’occultiste sérieux, le magicien réalisateur, doit se dissimuler. Qui benet latuit bene vixit : « celui qui a su se cacher bien, a vécu bien ».

Dans ce sens, l’Hermite nous donne donc un avertissement pareil à celui du Bateleur : comme celui-ci cache sous un jeu éblouissant de passe-passe sa science secrète ; ainsi l’Hermite couvre avec le manteau de la prudence l’illumination intérieure et la lumière dont il pourrait aveugler ses prochains. Ce n’est pas à tort que plusieurs auteurs appellent la lame de l’Hermite : la lampe voilée. »

Ce livre profond conduit le lecteur vers une métaphysique du Tarot, beaucoup plus loin que les ouvrages courants sur le sujet qui se cantonnent à une mancie.

Source: La lettre du crocodile  

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