Les Oiseaux lacunaires de Margaux Lefebvre

Chanteuse, comédienne, poétesse, Margaux Lefebvre coache également de nombreux artistes et enseigne la prise de parole en public.

Après avoir longuement exploré le rapport entre le corps et la voix, en recherchant accords et harmonies qui libèrent, c’est naturellement qu’elle est arrivée à la trace écrite avec ce premier recueil poétique dans lequel nous retrouvons la recherche d’un alignement créatif entre l’esprit et le corps (ici la main).

Ici, point de rhétorique mais la tension libre vers le don d’une émotion affranchie des conditionnements afin de laisser aller et venir l’énergie émotionnelle sans l’altérer. L’absence devenue intense présence. L’obscurité réalisée comme lumière. La solitude révélatrice de la plénitude…

Les trois actes de la pièce poétique offerte par Margaux Lefebvre, qui invite le lecteur à voir l’intime comme il regarde la scène de théâtre avant de se rendre compte qu’il est lui-même sur la scène, sont intitulés La lézarde – Chaînon manquant – Les crachats par pitié. Les oiseaux lacunaires seraient-ils de mauvais augures ? Tout autrement, la poésie de Margaux Lefebvre est pleine d’amour, un amour qui hésite à se réaliser au milieu d’un tas de ruines et de cendres, que les ruines soient personnelles ou sociétales.

Je me réveille

Avec le vent sur l’oreiller

Courants d’air

Qui sonnent le glas de la présence

N’as-tu été qu’une ombre

Une pensée de crépuscule dans la lézarde

Des attentes

Mon coeur trop cuit

N’a jamais su aimer

Je bute

Sur l’ivresse tarie des affinités feintes

L’amour en deuxième place

Derrière l’absence

Sur les graviers

Les mouettes s’effondrent avec fracas

 

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La poésie de Margaux Lefebvre est évocation subtile, ce qui lui permet de franchir légèrement les murs sombres des crispations et des spasmes égotiques. La liberté est toujours en danger dans ses poèmes, lucidité, l’ennemi clairement désigné. Parfois cri pour ne pas devenir fantôme, s’assurer du vivant, le mot cherche la lumière à travers les fissures du temps linéaire. C’est un appel obsédant.

 

Pied sûr et rein creusé

Nos sirops s’enchevêtrent

Dans la fureur de notre intimité

 

Nos désirs s’entrechoquent

Labyrinthiques

Multicolores

Sur nos trois corps superposés

 

Ils disent notre amour anomique

Et viennent avec leur sabre

Découper nos étreintes

 

Fuyez plaisirs, fuyez tendresses

La rumeur vous voit criminels

Et la rumeur vous caresse

 

La poésie comme antidote à la bêtise et révélation de l’être.

Source: La lettre du crocodile  

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