Nicolas Berdiaev

Sous ce titre, vous trouverez les actes du colloque consacré au célèbre philosophe de Clamart qui s’est tenu les 24 et 25 novembre 2018 à l’Hôtel de Ville de Clamart.

Ce colloque fut organisé par l’ACER, Action Chrétienne des Etudiants Russes en collaboration avec la Municipalité de Clamart.

Comme le rappelle Michel Fromaget en introduction, Nicolas Berdiaev meurt à Clamart en 1948. Marie-Madeleine Davy et Olivier Clément participeront au premier colloque sur Berdiaev à la Sorbonne à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance, vingt-sept ans après son décès.

Puis, Berdiaev tombe dans le silence pendant vingt-trois ans jusqu’au colloque organisé par L’Institut d’Etudes Slaves en 1998. Depuis, les temps de silence diminuent jusqu’à cette date de 2018. Berdiaev mérite amplement que l’on s’intéresse à sa pensée et à son œuvre, une pensée très actuelle quand nous savons, avec Antoine Arjakovsky, que les Pussy Riot se réclament de la pensée de Berdiaev. Comme lui, elles veulent chasser les marchands du temple. Michel Fromaget insiste : « La liberté de pensée de Berdiaev, incontestablement le plus grand philosophe de l’Âge d’argent de la culture russe, cette liberté est fascinante. ».

Il s’en explique :

« La philosophie du maître russe n’a rien à voir avec la philosophie conceptuelle et abstraite, seulement cérébrale, comme émasculée et éviscérée, qui est privilégiée par les universités. Ce n’est pas une philosophie d’intellectuel mais une « philosophie existentielle ». Elle est celle d’un homme complet qui ne se contente pas de penser le monde mais qui l’éprouve, le découvre et le comprend par toutes les facultés dont il dispose : sensation, intellection, émotion, intuition. Berdiaev ne s’approche pas du monde de manière cérébrale mais intégrale et totale. Il dit lui-même que sa philosophie est « existentielle », « qu’elle naît de la vie et qu’elle va vers la vie ». Et c’est précisément en cela qu’elle nous intéresse et nous parle aujourd’hui. »

Ce colloque est une opportunité de découvrir une philosophie vitale. Si Nicolas Berdiaev propose une critique radicale de l’État et de l’Église, il propose une spiritualité renouvelée, libérée de tous les carcans institutionnels et dualistes, une renaissance intérieure. Comme le remarque Jean-Marie Gourvil :

« Les églises et les religions ont de grandes difficultés à ouvrir les portes de l’héritage mystique qu’elles possèdent, cet étonnant retour aux fondamentaux mystiques se fera sans doute dans les marges des Eglises et des religions, à leurs périphéries. En ce sens cette quête est éminemment traditionnelle et en même temps comme l’a si souvent écrit Berdiaev profondément nouvelle. Les Eglises, comme la république, ne supportent pas le discours mystique, cet immense patrimoine est enfoui, caché, méprisé. Les courants alternatifs auraient sans doute intérêt comme Berdiaev le fit, à se plonger dans cet immense océan spirituel qui constitue l’histoire profonde et secrète de la spiritualité européenne. »

C’est bien d’un retour et d’un recours à Nicolas Berdiaev dont nous avons besoin en cette période d’irruptions des contre-sens.

Source: La lettre du crocodile  

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