Jean-Michel Quillardet fut Grand Maître du Grand-Orient de France de 2005 à 2008. Il fonda par la suite l’Observatoire International de la Laïcité contre les Dérives Communautaires. Il est un acteur et un militant estimé de la laïcité.
Fortement influencé par Jean Zay, à qui il rend un bel hommage dans les premières pages du livre, il combat pour un respect total de la liberté de conscience sans tomber dans les slogans « lairds » qui polluent les débats et ruinent la possibilité de la rencontre et de l’échange.
« Force est de constater, nous dit-il que les Francs-maçons ne sont plus les seuls à penser, à travailler, à chercher le centre de l’union, le respect d’autrui, la bienveillance à l’égard de l’autre dans sa différence…
C’est l’apanage de nombreuses associations ou institutions…
Alors même qu’au nom de la laïcité beaucoup de Francs-maçons et Francs-maçonnes au contraire stigmatisent bien des communautés et des individus.
Pour que la Franc-maçonnerie retrouve une réelle influence dans le débat public, il faut engager une révolution du fonctionnement de notre obédience, je parle ici du Grand-Orient de France. (…)
En d’autres termes, pour que la Franc-maçonnerie en ces temps troublés, prenne de manière audacieuse le tournant de l’Histoire, il faut qu’elle se réinscrive dans son histoire philosophique et politique et qu’elle trace un avenir philosophique et politique.
Ce qui inclut d’élaborer un véritable projet de société pour les hommes et les femmes du XXIème siècle, en France, en Europe et dans le monde. »
Si Jean-Michel Quillardet en appelle à un « rationalisme spirituel », ce n’est pas pour nier la spiritualité en ses différentes formes mais, s’appuyant sur Gaston Bachelard, pour rechercher une véritable connaissance spirituelle. « Le spirituel, précise-t-il, c’est ce qui est de l’ordre de l’esprit considéré comme un principe indépendant. »
Considérant l’actualité des Lumières et la nécessité de repenser la condition humaine autour de la valeur essentielle de la liberté, au cœur des valeurs républicaines, il pose la question de l’avenir de la laïcité et dresse un état sombre des rapports à la laïcité. Jean-Michel Quillardet n’est pas particulièrement optimiste et ne propose pas réellement de pistes pour restaurer une laïcité inclusive, dynamique et créatrice. Il aurait fallu davantage s’appuyer sur les droits des êtres humains. Il est impensable aujourd’hui de prétendre enseigner la laïcité sans l’insérer radicalement de manière approfondie dans la lettre riche et la philosophie complexe des outils juridiques internationaux en matière de droits de l’homme. De même, il aurait été intéressant, par exemple, de puiser chez John Rawls afin d’étudier comment replacer l’être humain au cœur de la justice et de la cité.