Aux côtés de Rāmana Mahārshi par Sādhu Arunachāla

Sādhu Arunachāla (Alan Chadwick) rencontra Rāmana Mahārshi (1879 – 1950) en 1935 et resta à ses côtés jusqu’au départ du « Maître Silencieux ». Il resta encore douze années, jusqu’à son propre départ, en 1962, au Sri Rāmanāsramam. Il est un témoin privilégié du rayonnement et de l’œuvre de Rāmana Mahārshi.

Ce livre rend compte de la vie quotidienne aux côtés de Rāmana Mahārshi.

« Bhagavān a certainement un message particulier pour l’Occident, où il est tenu en haute estime, suggère Sādhu Arunachāla. Ses arguments purement rationnels et ses enseignements dépourvus de toute sentimentalité répondent à la pensée occidentale. Il ne prêche jamais ni n’impose aucune loi, mais amène toujours le chercheur à se retourner vers lui-même, et sur le fait que sa recherche ne dépend entièrement que de lui-même ; le guru ne peut seulement qu’indiquer et guider, car personne ne peut donner la réalisation du Soi à une autre personne. »

Il est vrai que l’approche directe de Rāmana Mahārshi coïncide avec la pensée occidentale, du moins en apparence, tant Rāmana Mahārshi ne laisse aucune possibilité de se raconter, l’un des jeux préférés des occidentaux, avec sans doute la défense de valeurs qui semblent louables mais demeurent des artifices.

« Les gens jugent les actions des hommes comme "bonnes" ou "mauvaises", explique Rāmana Mahārshi, mais c’est l’acte qui compte, et non le caractère de l’acte. Tout le secret réside dans le fait suivant : sommes-nous attachés ou non à nos actions ? Celui qui passe tout son temps à accomplir des actes vertueux, sera peut-être plus attaché à eux que le soi-disant pécheur dans ses actes répréhensibles. C’est celui qui abandonne tous ses attachements qui réalisera le Soi le plus rapidement. »

Toutes les choses sont égales. Cette absence de comparaison et par conséquent de classification ou de hiérarchisation est typique de la conscience non-duelle qui ne voit aucune séparation là où la conscience dualiste ne cesse de morceler.

« Pour le jnānī, dit Rāmana Mahārshi, tous sont un. Il ne voit aucune distinction entre le guru et le disciple. Il ne connaît que le Soi, non une myriade de sois comme nous le voyons. Aussi, pour lui, comment pourrait-il y avoir la moindre distinction entre les personnes ? De toute évidence, il n’y en a pas. Il peut répondre aux questions, discuter et apparemment faire tout ce que nous faisons habituellement. Toutefois, pour lui, je le répète, il n’y a qu’un Soi, et cette vie n’est rien d’autre qu’un rêve. »

Avec Rāmana Mahārshi, nous observons la conscience non-duelle à l’œuvre dans les gestes du quotidien, que cela soit dans les rapports avec les animaux ou les relations avec les brahmines.

« Bhagavān, nous dit l’auteur, nous enseigne d’être toujours dans le présent, de trouver maintenant qui nous sommes, alors que les réincarnations tendent à se projeter dans le futur. « Qu’importe, nous aurons toujours des vies innombrables pour mettre les choses en ordre ! ». C’est là un raisonnement fatal à tout progrès spirituel, et c’est probablement la raison pour laquelle la chrétienté n’a jamais permis à ce qu’elle soit enseignée, bien qu’il y ait certaines indications dans le Nouveau Testament et dans les écrits des Apôtres. »

La position de Rāmana Mahārshi fait écho à celle d’Abhinavagupta qui voit la réincarnation comme « un poteau pour attacher les ânes ».

Rāmana Mahārshi traite chaque aspect de la vie avec une totale lucidité, mettant tout en lumière, les peurs comme les désirs. Toute sa vie, il enseigna l’accès direct au Soi invitant les uns et les autres à ne pas perdre de temps avec des pratiques (yogas). Rāmana Mahārshi enseigna principalement par le silence et la présence même s’il échangeait avec ses interlocuteurs. Il évitait tout contact physique.

« Il y a trois manières de donner l’initiation, rappelle encore l’auteur : en plaçant les mains sur la personne, habituellement sur sa tête ; en donnant un mantra qui est murmuré à l’oreille ; et à travers le regard. L’on s’accorde à dire que généralement Bhagavān le fait uniquement à travers le regard, bien qu’il n’ait jamais dit « initier » quiconque – cela s’accomplit sans signes ostensibles.

Il a toujours refusé de poser ses mains sur la tête d’une personne, bien que nombreuses soient celles qui lui demandent de le faire. »

Ce livre permet au lecteur de saisir le sens réel de l’initiation quand celle-ci apparaît sans forme, libre de toute considération.

Source: La lettre du crocodile  

VOUS AIMEREZ AUSSI

Haut