Vous n’êtes pas ce que vous croyez être

Ce livre restitue une part des très nombreux entretiens que Bernard Harmand a accordé au cours des deux dernières décennies mais aussi des extraits de lettres ou de messages échangés avec les nombreux chercheurs qui se sont tournés vers lui.

C’est l’insistance puis le travail rigoureux d’Alain Jacquemart, proche de Bernard Harmand depuis de nombreuses années, qui ont permis ce témoignage à la fois original et traditionnel. Traditionnel car il s’inscrit bien dans la démarche des voies d’éveil même si Bernard Harmand écarte ce mot ; original car sa liberté de ton et de forme apporte une singularité et une spécificité bienvenues.

« Tout commence par la conscience, nous dit-il. (…) On est identifié à ça : notre corps, nos ressentis, nos émotions, notre identité. Et cela se passe au réveil chaque matin : c’est simple. Qu’est-ce qui apparaît en premier quand vous vous réveillez ? La conscience d’être n’est-ce pas ? La conscience. Ça, ce ne sont pas des choses à croire, vous les expérimentez ; vous vous réveillez et ce qui se passe c’est : « Je sais que j’existe. » La conscience apparaît, je me sais exister : ça c’est la conscience ; ensuite le processus mental récupère le fait d’être en disant : « C’est là que tu habites ! » Donc « je suis » c’est la conscience, « dans le corps » c’est le mental qui dit ça, dans le monde, à un moment donné, qui crée l’espace-temps. (…)

Quand la vie particulière d’un individu s’éveille le matin, qui donne la conscience d’Être : elle ne sort pas de nulle part, elle sort de cette Base-là et c’est notre Véritable Nature non manifestée. » Plutôt que d’Eveil, Bernard Harmand évoque le Bonheur qui naît de notre recherche, passionnée - il met souvent une majuscule au mot Passion -, de notre Vraie Nature. Il cherche des mots précis tout en prenant en compte leurs limites, inévitables. Il s’extrait des causalités. L’absence de relation causale entre un sujet et un objet permet une totale gratuité, un véritable amour.

« L’amour qu’éprouve l’individu est un amour particulier : il aime quelqu’un ou quelque chose. Le sujet et l’objet sont tous les deux provisoires. Si l’on va au-delà de la particularité de l’amour nous découvrirons, nous serons absorbés par cet Amour total, inconditionnel, pour rien, sans objet, sans but, l’Amour complet en lui-même, ne dépendant de rien et c’est tout simplement une Merveille ! Toute notre recherche n’est d’ailleurs qu’une merveilleuse histoire d’Amour qui doit se terminer en une fusion totale. Fusion du chercheur en ce qui est cherché. Fusion de l’amour particulier dans l’Amour total. Fusion du spectateur dans le spectacle. Les outils pour cette recherche ne sont ni Dieu, ni le Maître, ni les religions, mais une fervente passion amoureuse de notre quête et un désir fou de réaliser le Bonheur. Et je rappelle cette merveilleuse phrase d’Elisabeth de la Trinité à la fin de sa vie passionnée :

« Il faut tout faire par Amour… Au seuil de la vie, seul l’Amour demeure. » »

L’Amour, le Cœur, le simple, imprègnent le témoignage de Bernard Harmand. Sa lucidité l’emporte et saisit le lecteur.

Alain Jacquemart propose quelques-uns de ses textes en fin d’ouvrage. Il veut décaper. Il s’attaque à l’instant présent, à la non-dualité, et à d’autres thèmes considérés comme à la mode mais qui n’en sont pas moins des constantes traditionnelles depuis plus de deux millénaires, au risque de tomber dans les pièges du langage que Bernard Harmand voudrait absolument éviter.

Bernard Harmand ne vise que l’allègement, le dépôt de tout ce qui nous encombre, afin de retrouver ce qu’il désigne par le terme de Base, le Soi : « Je préexiste à la conscience que j’ai de moi-même. ».

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