Le mystère de Job et les épreuves initiatiques

Isabelle Dupuis développe ici le mythe de Job, mythe antérieur à l’Ancien Testament, déjà présent dans les traditions de Sumer, mais aussi égyptiennes ou assyro-babyloniennes. En tant que prototype de l’initié, Job intéresse tout particulièrement la Franc-maçonnerie comme il passionna au Moyen-âge les bâtisseurs qui se l’approprièrent.

Isabelle Dupuis nous introduit au questionnement de ce mythe essentiel :

« Une lecture exotérique du texte conduit à s’interroger sur la coexistence du Bien et du Mal, à se demander pourquoi les justes sont-ils confrontés à la souffrance. Mais ce n’est pas cette lecture-là que les maîtres d’œuvre et les compagnons bâtisseurs ont faite du livre de Job. Ils sont allés quérir l’esprit au-delà de la lettre, chercher les questions initiatiques qu’il pose et auxquelles il répond : quels sont la nature et le sens de l’épreuve sur une voie de connaissance ? Qu’est-ce que la mort au sens initiatique du terme ? Quelles sont les étapes d’un détachement progressif, jusqu’à la pleine conscience du divin ? Le livre de Job décrit ses étapes, de nature alchimique, qui élèvent l’âme jusqu’au seuil de l’Orient éternel. »

Pour étudier le chemin initiatique de Job, ce parcours semé d’épreuves, Isabelle Dupuis s’appuie sur les représentations du mythe que nous trouvons dans les stalles de la collégiale Saint-Martin de Champeaux, douze stalles qui commencent par « Les années heureuses » et s’achève avec le « Couronnement de Job ».

Job illustre parfaitement la notion d’impeccabilité, qualification à acquérir davantage que qualité, pour réussir la quête. « C’est sans doute là que réside, suggère Isabelle Dupuis, la plus haute capacité de liberté : cheminer avec droiture et intégrité sur la voie de la Connaissance, jusqu’à son dernier souffle. »

Le parcours initiatique de Job et sa mise en perspective est complétée par Le Testament de Job, un pseudépigraphe, écarté par le judaïsme rabbinique, qui trouverait sa source en Egypte. Contrairement au Livre de Job, le Testament met l’accent sur l’initiation féminine à travers les trois filles de Job : Héméra, Casia et Corne d’Amalthée. Job a dix enfants, « symbole d’une communauté accomplie, nous dit l’auteur, unie, capable de célébrer les rites ».

« Par leur nombre, précise-t-elle, et par leurs noms, les trois filles de Job forment un collège de fonctions, ou offices sacrés. En leur donnant un nombre et un nom, Job leur a tracé un chemin rituel, un programme spirituel. Il va maintenant équiper ce collège d’une vêture et des symboles qui lui permettront de parcourir ce chemin, de réaliser ce programme. »

Ce livre, bien écrit et très clair, par les propositions qu’il rassemble, invite à un approfondissement du sens de l’épreuve sur le sentier initiatique. Il élabore autour des qualifications requises pour la quête, dans sa dimension alchimique ou dans la metanoïa attendue.

VOUS AIMEREZ AUSSI

Haut