Les trois chemins symboliques du Franc-maçon

Richard Vercauteren interroge le sens de l’initiation maçonnique à travers le concept de chemin, de parcours ou encore de queste. Mettant en garde très justement sur la prétendue universalité des symboles, il considère que « Trois chemins symboliques sont alors possibles pour le Franc-maçon :

- Le chemin de la Liberté qui forge sa philosophie humaniste et altruiste, que nous avons nommée ontologique. Dirigée vers la connaissance de soi et de l’Autre, cette philosophie ne peut avoir de signification que si elle s’intéresse à l’Homme et à la recherche de son bien-être.

- Le chemin de l’Egalité qui s’inscrit dans la recherche d’un alter ego, c’est-à-dire celui qui a les mêmes préoccupations que soi et qui peut l’instruire par un savoir acquis. Cette égalité pose de fait le sens d’une recherche de l’Autre avec qui il va construire une entraide à la fois dans la différence et la complémentarité.

- Le chemin de la Fraternité qui est gravé dans le Temple où se rassemblent les différences et les symboles qui forment les repères d’un langage commun. Cette affection qui unit les membres de la Loge pour former l’égrégore constitue l’aide essentielle pour que se poursuive le chemin. »

Richard Vercauteren fait appel à l’analogie et à l’herméneutique pour aborder le symbole en privilégiant nettement l’herméneutique par rapport à une vision réductrice de l’analogie. Il veut ainsi contribuer à une dynamique contribuant à « l’évolution de la Société ». On peut relever deux erreurs dans cette approche.

L’initiation n’est pas destinée à améliorer la Société, avec ou sans majuscule, mais bien à se libérer de tout conditionnement, elle n’est pas non plus une recherche de bien-être, c’est confondre le procès initiatique avec le développement personnel, confusion courante en Franc-maçonnerie. D’une manière générale, Richard Vercauteren, en laissant de côté toute métaphysique, se contentera d’une herméneutique réduite, à visée sociétale, quand il s’agit de tout autre chose, citant même Louis-Claude de Saint-Martin ou Basile Valentin, sortis de leurs contextes, à total contre-sens.

Il en arrive à « trois niveaux pour comprendre le chemin symbolique du Franc-maçon :

- La nécessité d’une construction sociétale ou communautaire qui consiste à créer les facteurs d’une appartenance à un groupe,

- La possibilité de comprendre le chemin à travers des symboles en leur donnant une signification partageable au sein d’un groupe,

- Le sens que peut avoir un chemin reposant sur une philosophie personnelle ou partagée. » L’ouvrage ne manque pas d’intérêt mais l’érudition de l’auteur et son travail, très sérieux, ne se déploient pas comme attendu. Pourtant, la référence à Gilbert Durand, vers la fin de l’ouvrage, pourrait ouvrir à d’autres dimensions plus corbiniennes ou au moins jungiennes qui, pour le moins, introduiraient aux véritables dimensions initiatiques difficilement pressenties dans ces pages.

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