Les miracles et le moderne spiritualisme

Sir Alfred Russel Wallace (1823 – 1913) est un célèbre naturaliste anglais. Il accompagna en 1848 l’entomologiste H. W. Bates au Brésil pour une longue exploration de l’Amazonie où il demeura jusqu’en 1852. Il publia en 1853 un compte-rendu de ses travaux avent de partir pour la Malaisie, la Nouvelle Guinée, l’Australie, notamment. Il arriva, par ses propres méthodes d’observation et indépendamment de celui-ci aux mêmes conclusions que Darwin sur l’évolution des espèces. Se revendiquant du socialisme, il s’opposa au darwinisme social sur plusieurs points et dénonça les dangers de l’eugénisme. Mais il échangea aussi avec lui sur de nombreux aspects de la sélection naturelle et de la théorie de l’évolution. Moins connu que Darwin, il est toutefois un penseur essentiel.

Wallace, comme beaucoup de scientifiques de son époque, et malgré une opposition déjà forte, s’intéressa au mesmérisme et au spiritisme. Il rédigea de nombreux articles, fit des conférences et défendit la cause du spiritisme.

Ce sont ces textes qui sont rassemblés ici. Certains s’adressaient aux sceptiques, d’autres aux habitués des sciences psychiques. Dans sa préface, Sir Alfred Russel Wallace explique sa démarche.

« Je n’ignore point que mes confrères scientifiques ont bien de la peine à se rendre compte de ce qu’ils tiennent pour ma chimère et je suis persuadé que le peu d’autorité que je peux avoir acquis autrefois dans les débats relatifs à la philosophie de l’histoire naturelle, en a reçu une atteinte fâcheuse. (…)

J’étais un matérialiste si parfait et si éprouvé, que je pouvais en ce temps trouver place dans ma pensée pour la conception d’une existence spirituelle, ni pour celle d’aucune autre fonction que ce soit dans l’univers que la matière et la force. Les faits néanmoins sont choses opiniâtres. Ma curiosité fut d’abord éveillée par des phénomènes minimes mais inexplicables, constatés dans la famille d’un ami, et mon désir de savoir et mon amour de la vérité m’excitèrent à poursuivre l’enquête. Les faits devinrent de plus en plus manifestes, de plus en plus variés, de plus en plus éloignés de tout ce qu’enseigne la science moderne ou de tout ce qu’a discuté la philosophie contemporaine. (…)

Ayant, comme il a été montré plus haut, été amené par une rigoureuse induction des faits, à la croyance, premièrement, en l’existence d’une infinité d’intelligences extra-humaines de degrés variés, et secondement en la faculté pour certaines de ces intelligences, bien qu’ordinairement invisibles et intangibles pour nous, de pouvoir et de produire action et matière, et d’influencer nos pensées, je me suis convaincu, suivant une marche sévèrement logique et scientifique, que les limites étaient loin, jusqu’où cette doctrine sera susceptible de nous rendre raison de plusieurs de ces phénomènes résiduels que la sélection naturelle seule ne suffit pas à expliquer. »

Le premier chapitre du livre est formé du texte Réponse aux arguments de Hume, Lecky et autres contre les miracles. C’est un mémoire lu à la Société Dialectique en 1871. Il s’inscrit dans la controverse générale sur le « surnaturel » à laquelle Wallace veut donner un cadre permettant un véritable débat. Le deuxième chapitre étudie l’aspect scientifique du surnaturel. Le troisième chapitre est une Défense du moderne spiritualisme.

« Les leçons que le spiritualisme moderne nous donne, écrit Wallace, peuvent être divisées en deux catégories. En premier lieu, nous constatons que le spiritualisme donne une explication rationnelle des divers phénomènes de l’histoire de l’homme, l’histoire naturelle de la médecine ayant été impuissante à l’expliquer puisqu’elle l’a repoussée ou ignorée ; en second lieu nous tirons du spiritualisme des informations précises sur la nature et la destinée de l’homme et un système de morale basé sur ces informations ; ce système possède une efficacité réellement pratique. »

Le parcours de Sir Alfred Russel Wallace n’est pas sans rappeler celui du médecin français Charles Richet (1850 – 1935). L’un comme l’autre se sont heurtés à une pensée scientifique étroite. Cependant, malgré les difficultés, il y avait à leur époque une place pour l’approche scientifique des phénomènes psychiques qui n’existe plus aujourd’hui.

VOUS AIMEREZ AUSSI

Haut