La révélation du Rig Veda de Jean Bouchart d’Orval

Jean Bouchart d’Orval propose au lecteur de renouer avec un texte sacré fondamental. Il constate que ce texte comme ceux d’autres traditions universelles est aujourd’hui délaissé après une dégénérescence commencée il y a deux mille ans. Formulés pour une époque révolue, les hymnes védiques, par leur intemporalité profonde, conserve toutefois leur actualité. Malgré les travaux universitaires brillants sur le Veda, parfois en raison de ces travaux, le texte demeure à distance.

Jean Bouchart d’Orval invite à une lecture simple de ce texte écrit par « des visionnaires et poètes aryens » qui « avaient fouillé au plus profond d’eux-mêmes ; ils avaient résolu le mystère de la mort et trouvé l’immortalité. Ces véritables prophètes, au sens originel du mot, avaient été foudroyés par l’intuition de ce « Un » (tad ekam) et cela était dès lors au cœur de leur existence. »

Pour lui « une approche simple, directe, innocente : une absence d’approche pourrait-t-on dire » permettrait de le voir « dépouillé de tout ce qu’ont pu en dire les écoles philosophiques indiennes et les intellectuels occidentaux avec leur manie de toujours vouloir passer ce qui est pure Connaissance à la moulinette de leurs catégories mentales et de leurs étiquettes ». Il s’agit de rendre vie au cadavre.

Le texte n’est pas un commentaire mais la célébration de ce qui est par une parole révélée : « L’être humain qui sert de véhicule à la parole révélée peut alors être déclaré véritable prophète : celui qui parle au nom de… » C’est en ce sens que le Veda est révélé, impersonnel, immuable et éternel. Il nous faut donc, si nous souhaitons avoir la moindre chance de comprendre les hymnes védiques, nous laisser ébranler par sa source vive qui nous rendra capables de pressentir, entendre et parler de sur un mode proprement prophétique.

Il s’agit de traverser le voile du langage à la recherche de l’expérience pure qui se présente à travers la poésie qui est aussi une métaphysique et a traditionnellement une fonction prophétique. Le sens des hymnes s’est largement perdu au fil du temps, victimes notamment de la pensée ritualiste figée des brahmanes héréditaires. Jean Bouchart d’Orval nous rappelle qu’au départ « les brahmanes n’étaient pas des membres d’une classe de citoyens héréditaire, mais ils étaient simplement ceux qui se montraient réceptifs à la vision profonde de l’existence, ou inspiration divine, que les hymnes védiques désignent par le mot dhî (…). La prévalence de l’hérédité sur l’aptitude naturelle (sui est le vrai fondement du système des castes) fut une première aberration dans la longue dégénérescence de toutes les civilisations et de toutes les traditions spirituelles. »

Le Rig Veda contient, parfois de façon cryptée nous dit l’auteur, tout ce que les Upanishad ou les textes tantriques, notamment cachemiriens, ont développé. Les hymnes relèvent d’une longue tradition indo-européenne archaïque de poésie révélée par « ceux qui furent ébranlés » ou « bouleversés par la Vérité ». Jean Bouchart d’Orval rapproche le rishi védique du barde ou du chamane « qui recevaient la connaissance d’un dieu : les poèmes ou chants leurs étaient révélés. »

C’est donc par l’expérience poétique, plutôt que par le commentaire, que Jean Bouchart d’Orval conduit le lecteur vers le cœur de ces hymnes uniques par leur beauté et leur puissance intégrative. Les hymnes du Véda ne séparent mais unissent.

Au début, sur Cela se posa le désir qui fut le tout premier germe de la pensée. Après avoir cherché avec attention dans leur for intérieur, les visionnaires découvrirent le lien du manifesté avec le non-manifesté.

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