Symbolique des Grades Philosophiques

Irène Mainguy poursuit son grand œuvre symbolique avec ce nouveau livre qui vient compléter un ensemble d’ouvrages indispensables. Comme pour les ouvrages précédents, le travail rigoureux, minutieux, proposé au lecteur s’appuie sur de très nombreux documents et ouvre à la dimension hermétiste du Rite Ecossais Ancien et Accepté. En effet, du 19e au 30e degré, c’est une philosophie de la Nature qui se dessine à travers le symbolisme des grades dits philosophiques :

« Entre le Chapitre et l’Aéropage, le Chevalier pèlerin se transforme en Chevalier philosophe, suggère Irène Mainguy.

Il n’est pas un Chevalier errant, mais un Chevalier en quête de Sagesse. De tout temps, le nom de « philosophe » fut donné à ceux qui sont véritablement instruits des procédés du Grand Œuvre, également appelé Science. Il s’agit également de la Philosophie hermétique grâce à laquelle ces philosophes ont une connaissance globale de la Nature. »

Le cycle de douze grades qui conduit du Grand Pontife au Chevalier Kadosch constitue un ensemble complexe où se mêlent de multiples influences. Irène Mainguy en « organisant » cette complexité en permet une lecture clarifiée qui vise à la saisie du simple et de l’Un. L’analyse fouillée des mythèmes et leurs articulations opératives mettent en évidence un langage créateur, le langage d’un voyage initiatique à la fois universel et singulier en son expression maçonnique et chevaleresque.

Certains grades sont particulièrement développés comme le grade si important de Chevalier du Soleil ou Prince Adepte (28e grade) que l’on retrouve également comme clé de certains rites maçonniques égyptiens. Très peu inféodé à l’influence chrétienne, ce grade très alchimique conduit à se dégager des « terrestréités » pour rétablir l’axe avec la solarité propre à l’adepte. Ce procès n’est pas seulement psychique mais possède une dimension alchimique opérative soit en alchimie métallique, à laquelle invite le mot de passe du grade, soit en alchimie interne. Cette dimension hermétiste résonne avec une gnose inscrite en sept vérités dans le grade, « sept vérités gnostiques (…) qui ne sont que des parcelles de l’ineffable Vérité retrouvée ».

Avec le Chevalier Kadosch, c’est l’Imago Templi qui œuvre comme finalité du rite. Si l’interprétation historique et temporelle fascine toujours nombre de Francs-maçons du rite, l’approche exclusivement spirituelle permet de s’éloigner du thème de la vengeance pour celui d’un Saint Empire qui serait celui de l’Esprit, en écho au grade de Chevalier Rose-Croix qu’il vient compléter.

« Le Chevalier Kadosch, précise Irène Mainguy, est un « veilleur », un « éveilleur » et un « éveillé » qui est inspiré pendant que le commun des hommes sommeille. La nuit qui règne sur les travaux est un miroir du monde diurne. Dans le rituel du Chevalier du Soleil, il est mentionné : « Il fait nuit pour les profanes, mais le soleil est au zénith dans ce sanctuaire. ». La nuit favorise une période de méditation, de retriait provisoire du monde, de solitude propice à la concentration avant l’action. La nuit des grands mystiques correspondait à une descente profonde dans leur intériorité lumineuse, dans le silence et le secret de leur cœur. Dans sa méditation nocturne où la nuit évoque la profondeur spirituelle atteinte par le Chevalier Kadosch, celui-ci se met en retrait du monde pour méditer avant d’y retourner pour accomplir son action de Justicier. »

Et par « justice » il faut entendre l’ajustement harmonieux aux principes de la Lumière, mot qui est, nous dit Irène Mainguy, à mettre en relation avec lucidité, conscience éveillée, entendement, authenticité, amour de la vérité et liberté. En effet, « la voie initiatique conduit, au-delà des formes, à une liberté intérieure, qui, par paliers, correspond à une libération ».

Ce livre, comme les autres ouvrages de l’auteur, sont une contribution majeure à une restauration de la finalité initiatique de la Franc-maçonnerie, un ordre initiatique trop souvent profané par ses propres membres.

VOUS AIMEREZ AUSSI

Haut