Le mot zen dérive du mot tch'an chinois qui est la transcription phonétique du sanskrit dhyâna, qui signifie méditation.
Jacques Brosse, qui fut disciple du maître Deshimaru, fait d'emblée remarquer la confusion qui existe en Occident à propos de la méditation. L'occidental médite sur quelque chose, alors que dhyâna est une méditation sur le vide : "il s'agit d'un recueillement en soi-même, d'une expérience spirituelle intime, mais qui passe par le corps et reconstitue l'unité du corps et de l'esprit. Seul un équilibre physiologique stable peut engendrer la pacification de l'esprit, laquelle permet à chacun de découvrir sa véritable nature, qui, pour le boudhisme, est identité avec l'univers en sa totalité. Cette découverte est l'Eveil. Mais, selon les maîtres zen, l'Eveil n'est pas différent de la méditation assise, le zazen, la pratique du zen."
L'expérience indicible de l'éveil est par essence incommunicable. La Réalité absolue échappe à toute transmission, à tout enseignement, elle ne peut être que saisie. Ce qui s'enseigne, ce qui se transmet, c'est une "attitude":
"C'est sur cette transmission silencieuse du secret que se fonde le zen dont les quatre "principes essentiels" sont :
1- Une transmission par-delà les écritures,
2- Ne dépendre ni des concepts ni des mots,
3- Pointer directement au coeur de l'homme,
4- Contempler sa nature propre et ainsi réaliser l'état de Boudha.
Or, paradoxalement, cet enseignement, s'est transmis, au cours des siècles et jusqu'à nos jours, sous la forme orale et parfois écrite. Si le silence est la base même du zazen, les instructions du maître n'en sont pas moins indispensables. Sans intervenir dans une quête qui doit demeurer toute personnelle, elles guident le pratiquant, lui permettent de comprendre ce qui lui advient, et d'éviter les erreurs et les dérives auxquelles, seul, il s'exposerait. Un tel enseignement est par essence négatif, il n'apprend pas, il désapprend, écartant les idées toute faites, les préjugés, les imaginations préalables, afin de laisser le disciple véritablement seul à seul avec son expérience intérieure, face à face avec le enfin découvert, qui est sa nature d'Eveillé."
Dans ce livre, Jacques Brosse retrace la longue histoire des maîtres zen à travers leurs textes. Certains textes sont connus, d'autres le sont moins, tous font partie d'un patrimoine fondamental de l'Esprit. Des koans, des commentaires, des controverses, des textes fondateurs comme l'Inscription sur la Foi en l'Esprit (Sin Sin ming) sont ici rassemblés et présentés pour former un ouvrage de référence sur le zen et sur l'Eveil.