La géomancie, souvent attribuée aux Arabes, comme « art du sable », émanerait des cultes à la Déesse-Mère de la préhistoire. Elle est universelle et non spécifiquement chinoise rappelle l’auteur :
« Bien différentes sont les façons de considérer la géomancie. Elle est, le plus souvent, une pratique divinatoire. Chinois, Arabes, Grecs et Occidentaux depuis le Haut Moyen-Âge, l’ont utilisée comme telle. Les techniques oraculaires, bien que très différentes, se ramènent à la construction d’une série de figures censée donner une réponse à une question qui doit être formulée de façon la plus précise possible. (…)

La géomancie, de par sa nature intimement liée au nombre et, entre autres, au calcul binaire, peut faire l’objet d’études structurelles de haut niveau. »
Les mathématiques étant un langage universel, la géomancie tend aussi vers l’universalité même si elle « est liée à des ensembles sémantiques dépendant des zones culturelles où elle est pratiquée ». L’auteur note également le rapport étroit entre géomancie et sémiologie astrologique.

Jean-François Gibert, élève d’Henri Coton-Alvart, place son travail dans la même perspective que son maître qui fait de la géomancie « une des clés majeures de la tradition et de la pensée hermétique ».
Le matériel géomantique est composé de seize figures, Via, Puella, Caput draconis, Rubeus, Populus, Puer, Cauda Draconis, Albus, Amissio, Acquisitio, Conjunctio, Tristitia, Fortuna major, Fortuna minor, Carcer, Laetitia dont les valeurs philosophiques se développent à partir du point, l’indifférencié. L’auteur étudie ce matériel sous l’angle des figures, de leurs noms, de leurs notations, de leur analyse enfin. Au passage, il dit l’importance de distinguer la linguistique commune d’une linguistique traditionnelle ou sacrée, seule à même de révéler le sens transcendant.
Une grosse partie de l’ouvrage est consacrée à la symbolique et aux correspondances. C’est en effet le cœur de la portée multidimensionnelle de la géomancie qui, plus qu’un art divinatoire, est aussi une métaphysique et un véhicule des arcanes hermétiques.
L’introduction à la pratique commence par une nécessaire mise au point. Citant Boileau : « Avant donc que d’écrire, apprenez à penser. », Jean-François Gibert avertit :
« Cette remarque s’applique à l’étude et à la pratique géomantiques. Beaucoup d’auteurs donnent des grilles d’interprétation des thèmes et établissent une systématique découlant, semblerait-il, d’une étude statistique que, pourtant, ils n’ont jamais effectuée et qui ne peut se justifier dans une démarche divinatoire par essence irrationnelle où chaque cas est un cas d’espèce.
Nous verrons par ailleurs qu’une réponse est le reflet d’une situation et/ou un jugement sur l’évolution possible d’un problème dont la complexité ne peut en aucun cas s’accommoder de recettes toujours schématiques.
Le langage individuel ou collectif évolue en permanence autour d’un noyau sémantique auquel s’ajoutent des variables multiples : émotionnelles, ressortant de l’histoire, individuelles, issues de craintes, de rancoeurs, d’attentes, de déceptions, etc. Il est ainsi illusoire de construire des schémas.
Les meilleurs auteurs ont transmis une expérience ; les autres les ont copiés pour combler les vides de leur propre pratique. »
Cet avertissement pertinent, qui vaut bien au-delà de la géomancie pour tous les arts traditionnels, est une invitation à la méditation afin de saisir la place, la fonction et l’essence de chaque figure dans un ensemble vivant.
Ce livre, rigoureux et structuré, nous introduit, d’une manière déjà approfondie, à la géomancie, « parfait exemple, selon Henri Coton-Alvart, guide détaillé, véridique, logique de l’opération cachée par tous ceux qui l’ont connue : le Grand Œuvre, substratum concret de toutes les religions, ainsi que l’a si bien dit Magophon dans son commentaire du Mutus Liber.

Le Mercure Dauphinois, 4 rue de Paris, 38000 Grenoble, France.

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