Le thème de la route, que l’on retrouvera chez les auteurs de la Beat Generation, semble commun à ces trois auteurs roumains, Tristan Tzara (1896-1963), Benjamin Fondane (1898-1944) et Ilarie Voronca (1903-1946), tous les trois essayistes, tous les trois poètes, qui écrivirent en français après avoir écrit en roumain.

L’étude d’Ecaterina Grün met en évidence la route comme chemin vers le centre de soi-même :
« Un grand nombre de routes concrètes et de cheminements spirituels, intellectuels, linguistiques, artistiques et poétiques ont ainsi déterminé la vie, la réflexion et la création de ces poètes roumains d’expression française. A l’origine de ces déplacements se trouve une « route » primordiale, celle que le critique roumain Mircea Martin appelle « le chemin vers le centre », conduisant ces auteurs de la Roumanie natale vers la France, terre d’élection mais aussi terre d’exil. Si cette route première a orienté ainsi leur existence et leur réflexion, il est à supposer qu’elle ait laissé des traces dans leur création de langue française. En effet, il existe, dans les écrits de ces auteurs, plusieurs niveaux où le motif de la route est décelable, niveaux allant de la route réelle au cheminement métaphysique. »
On voit immédiatement par cet extrait tout l’intérêt de l’essai d’Ecaterina Grün sur le plan de la littérature et de la poésie, mais aussi dans le champ d’une queste libertaire et métaphysique, d’une recherche du « Roi caché » au plus profond de nous-mêmes.
Ces poètes tendus par moment à l’extrême vers une éternité qu’ils veulent inscrire dans leur chair, sont parfois proches de l’héroïsme initiatique et viennent défier la mort qui rôde.

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