Ce dictionnaire se différencie des habituels catalogues de francs-maçons illustres. Plus proche des dictionnaires amoureux, il nous fait entrer dans la créativité maçonnique, dans son immense richesse historique, intellectuelle et spirituelle, dans ses contradictions aussi à travers des figures fortes, connues ou non, bruyantes ou discrètes, maçons avérés, maçons soupçonnés ou maçons sans tablier.
Voici des extraits de la notice sur François Rabelais :
« L’hypothèse d’un François Rabelais « franc-maçon accepté » se nourrit notamment dans son œuvre, dans laquelle il se décrit souvent comme un voyageur, un visiteur des corporations de compagnons. Extrait du 5ème livre : « Puis donc qu’il n’est pas en notre pouvoir dans l’art de l’architecture de promouvoir autant qu’eux, j’ai décidé de faire ce que fit Regnaut de Montauban : servir les maçons, mettre la marmite à bouillir pour les maçons. Et puisque je ne puis être compagnon, ils m’auront pour auditeur, je dis infatigable de leurs célestes écrits. »
Les partisans d’une source Rabelaisienne de la maçonnerie française font de lui l’inventeur du langage symbolique dont Rabelais évoque le principe en ces termes : « Supposez que vous trouviez dans le sens littéral une manière assez joyeuse et correspondant bien au titre, toutefois il ne faut pas en demeurer là, comme au chant des sirènes. Mais il faut interpréter en un sens plus haut ce que par aventure, vous croyez être dit en gaieté de coeur. »
Dans ce contexte, le plus troublant est certainement « l’épreuve de civilité » que Rabelais imagina pour tous les nouveaux arrivants à l’abbaye de Thelème. Il s’agit d’une épreuve initiatique très éloignée des initiations chrétiennes (prêtres ou moines), mais exclusivement basée sur les mots et le sens commun, assez proche de ce que la Franc-maçonnerie proposera plus tard. »
Peu, très peu, trop peu de femmes dans ces pages mais, tout de même Héléna P. Blavatsky, Olympe de Gouges, dont l’appartenance n’est pas confirmée, Amélie Geldage qui joua un rôle important au sein du Droit Humain, quelques autres.
Le lecteur, au fil des pages, découvre événements ou personnalités, ainsi à propos de De Gaulle :
« L’homme du 18 juin 1940 et fondateur de la Vème République est encore aujourd’hui détesté par l’extrême droite française pour avoir ressuscité la Franc-maçonnerie. Plus que son opposition au Maréchal Pétain, la rancune antigaulliste, résulte de son premier acte officiel venant à la suite de la démission du général Giraud, lorsque le Comité français de libération nationale le désigne comme l’unique chef de la France libre. En effet, à Alger le 15 décembre 1943, Charles De Gaulle promulgue une ordonnance restaurant les obédiences maçonniques françaises dans leurs droits. A l’origine de cette décision, alors que les maçons subissent les persécutions de Vichy on trouve Michel Dumesnil de Gramont, membre de l’Assemblée consultative provisoire. Dumesnil est le Grand Maître de la Grande Loge de France, représentant à Alger la Franc-maçonnerie clandestine et résistante. Le souhait du Grand Maître est d’inscrire la légalité de la Franc-maçonnerie comme inséparable du fait républicain. Ainsi, relayés par Soustelle et Félix Gouin, la restauration légale de la Franc-maçonnerie coïncide avec la renaissance de la République française. »