C’est d’une aventure humaine et spirituelle exceptionnelle que rend compte ce livre, l’histoire d’une rencontre entre un lieu et un homme, le cheminement d’un esprit en quête, depuis la gauche italienne passionnée des années 70 jusqu’au silence du désert, jusqu’au silence dans le Christ.

Guyonne de Montjou, journaliste a recueilli le témoignage de Paolo Dall’Oglio, devenu jésuite, qui s’est consacré à la restauration de l’ancien monastère de Mar Moussa, qui conserve des fresques magnifiques au cœur du désert syrien. Il l’a réveillé comme lieu de célébration silencieuse, d’eucharistie immobile et permanente, de rencontre entre Islam et christianisme, entre musulmans et chrétiens.
Paolo a fait de ce site merveilleux, de « cet instrument apostolique », une terre d’accueil, de rencontre entre les hommes et de rencontre avec soi-même, portées par la qualité si particulière du désert. Il a su le faire car il est lui-même carrefour même si l’inconditionnalité de sa quête sculpte sa vie quotidienne de manière impressionnante dans un unique bloc d’esprit.
Ce livre raconte donc le jeu de l’humain et du divin, du conditionné et du libre dans le cœur d’un homme, sous le scintillement du regard de Guyonne de Montjou, à la fois fascinée et lucide tant sur l’homme que sur le lieu-état de Mar Moussa.
L’authenticité de l’expérience aux multiples facettes dont Paolo Dall’Oglio est un formidable vecteur n’est pas sans rappeler l’esprit original de Louis Massignon.
« Moi, dit-il, je me fiche de Mar Moussa.
Être au service de l’harmonie islamo-chrétienne, montrer l’amour de Jésus pour les musulmans, cette phrase vaut dix fois plus que Mar Moussa ! Sur ce point, j’ai une approche jésuite : Mar Moussa est un simple instrument apostolique.
Notre mission vaut pour elle-même, elle est gratuite, libre, universelle. C’est ainsi qu’elle peut devenir efficace. Nous sommes des contemplatifs dès lors que nous pouvons dire, à tout instant : « Dieu suffit. » L’œuvre, son efficacité, son rendement se jugeront plus tard et ailleurs.
Néanmoins l’attitude contemplative n’est pas préculturelle ou postculturelle. Les lieux, les murs, les mots, les sentiments, le langage forment le cadre de notre contemplation. Contempler le reflet de l’amour de Dieu dans sa propre culture. Dans son propre langage.
A Mar Moussa, le langage de ma contemplation est islamo-chrétien. Comment pourrais-je le rendre plus profond en moi ? Mon langage n’est pas a priori chrétien ou a priori musulman, il est déjà islamo-chrétien. »
C’est finalement une double solarité qui nous est proposée dans ces entretiens, le rayonnement d’un homme au charisme puissant et le rayonnement d’un lieu, poli par des siècles de prières.

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