L'auteur rappelle d'abord l'importance du texte qui fonde ce lieu, Incipit Revelatio Ecclesiae Sancti Michaelis et ses sept leçons qui marquent chacune une étape de la construction qui va toujours vers plus de hauteur, plus de légèreté, plus de dépouillement, jusqu'au cloître, unique en son genre et en sa finalité, sujet de l'étude de Jean-Charles Péguet :
" Véritable bijou dans l'écrin de la Merveille, suspendu à quatre-vingt mètres d'altitude, entre ciel et terre, entre la mer et le ciel, il offre, quand le silence est retombé derrière les derniers groupes de promeneurs, dans une étonnante légèreté, un exceptionnel havre de paix. Tout y invite à la détente, au repos, à la réflexion, à la méditation. "
Au fil des pages, nous avançons dans un symbolisme d'une grande richesse et d'une grande sophistication, tant les métaphores inscrites dans le lieu, dans sa conception, dans son architecture, dans ses décors, sont riches et fécondes :
" En même temps, le cloître, séjour de paix et havre de sérénité, s'inscrit exactement dans l'esprit de son temps, celui d'une époque troublée entre la continuité rassurante des certitudes acquises et la perturbation des nouveautés, celui de la théologie traditionnelle et l'esprit scolastique en gestation. Dans son aspect et sa signification, dans son organisation et son essence, il tend à réaliser la synthèse entre les mouvements qui agitaient le " beau XIIIe siècle " naissant, trouver le juste équilibre entre la raison et la foi, entre la nature et la Grâce, entre le génie et la sainteté. La proclamation de la foi, sa consolidation et sa justification, d'une façon très progressive, étant donné la complexité des niveaux, sont les actes essentiels de la démarche chrétienne qui prévalent alors plus que jamais mais elles sont aussi étayées par les étonnantes ressources de l'arithmétique spirituelle, issue directement du travail de la raison.
Nous voyons donc comment la topographie du rocher justifie la disposition verticale, à flanc de pente, des bâtiments de la Merveille et comment cette situation est habilement utilisée pour communiquer un sens bien particulier. Comment l'impossibilité d'établir un jardin dans la cour du cloître qui, somme toute, aurait peut-être pu ne recourir qu'à une fonction décorative mineure, se trouve judicieusement exploitée pour y créer un substitut artistique dont le message apparaît éminemment spirituel. Comment le caractère contraignant des circonstances a généré une création de l'ordre du génie pour donner à l'ensemble une dimension exceptionnelle. "
La foi médiévale est exaltée dans ce jardin de pierre d'une manière parfaite. Il s'agit bien d'approcher et de révéler l'essence du christianisme dans un cheminement et une errance guidée par Dieu.