George Robert Stow Mead (1863-1933) fut une figure de la Société Théosophique, proche de H.P.B. Blavatsky. C’est à la suite d’une crise interne à la S.T. qu’il fit scission pour fonder, avec Arthur Edward Waite The Quest qui s’orienta vers les traditions occidentales, principalement gnostiques. Sa formation scientifique et littéraire le conduisit à mettre en place des méthodes de travail rigoureuses. Aussi bien dans le cadre de la Société Théosophique que de The Quest, il apporta une certaine crédibilité aux travaux. Outre avec Waite, il travailla dans le cadre de The Quest avec des personnalités comme William Butler Yeats et Ezra Pound. Carl G. Jung s’intéressa à ses nombreux travaux sur les textes gnostiques, mithriaques et hermétistes.
Dans cet ouvrage, publié en 1892, soit au début de sa carrière, son intérêt pour les textes gnostiques était déjà très marqué. G.R.S Mead se plongea dans les sources historiques et gnostiques anciennes accessibles pour tenter de reconstituer, loin des discours de l’Eglise romaine, la vie et l’enseignement de Simon le Magicien, figure du premier siècle chrétien et gnostique.
« La première raison explique-t-il, pour laquelle je me suis aventuré dans cette enquête actuelle est que Simon le Magicien est invariablement mentionné par les hérésiologues comme le fondateur de la première hérésie de l’ère chrétienne communément acceptée et, est considéré par eux, comme l’initiateur de ces systèmes religio-philosophiques et théosophiques qui sont maintenant quelque peu inexactement regroupés sous le titre de Gnosticisme. Et bien que cette supposition des hérésiologues patristiques soit entièrement incorrecte, comme on peut le prouver à partir de leurs propres œuvres, il est néanmoins vrai que le Simonisme est le premier système qui, selon les données actuellement en notre possession, est entré en conflit avec ce qui a été considéré comme le courant orthodoxe du christianisme. Une seconde raison est que je crois que Simon a été grossièrement calomnié et entièrement mal compris par ses opposants orthodoxes, quels qu’ils soient, et aussi, par ceux qui les ont ignoramment et sans enquête recopiés. Mais ma principale raison est que le renouveau actuel des investigations théosophiques jette un flot de lumière sur les enseignements de Simon, chaque fois que nous pouvons obtenir une déclaration de première main les concernant, nous voyons qu’elle était identique dans ses fondamentaux à la Philosophie ésotérique de toutes les grandes religions du monde. »
G.R.S Mead étudie le Simon des Evangiles et le Simon des Pères de l’Eglise pour introduire le Simon des Légendes. Il analyse longuement les sources avant de proposer, avec prudence, une « Théosophie de Simon le Magicien », n’hésitant pas à faire des comparaisons avec les philosophies orientales pour tenter de mieux appréhender les concepts et les expériences sous-jacentes, et approcher une structure universelle.