La voie ouverte

Elias Amidon soufi « Sufi Way » qui s’inscrit dans l’héritage d’Hazrat Inayat Khan qui a développé le soufisme en Occident il y a un siècle.

Ce livre est un véritable guide pratique qui conduit dans un pas à pas vers « la voie ouverte » ou illumination, éveil… La source dans laquelle puise Elis Amidon ne se limite pas au soufisme. Il a au cours de sa vie exploré d’autres courants traditionnels, d’autres philosophies et mystiques, d’orientation non-dualiste. Dans la bibliographie, nous retrouvons Nisargadatta, Norbu, Nagarjuna mais aussi Jack Kerouac, Martin Heidegger ou Douglas Harding, entre autres chercheurs qui ont approché ou réalisé la conscience non-duelle.

Le chemin vers notre état naturel n’est pas réellement un chemin, même s’il est présenté en étapes, mais plutôt une série d’investigations, chacune orientée vers ce que l’auteur désigne comme « conscience ouverte ».

« Nous réalisons que nous sommes ce que nous cherchons : cette conscience pure, transparente, au cœur de notre être, est une fenêtre lumineuse sur l’unité. Avec cette prise de conscience survient la réalisation qu’il n’y a rien de plus à faire. Rien ne doit changer. Nous n’avons pas à nous améliorer. Chacun de nous est digne de la conscience éclairée, car elle est notre nature innée. »

Cette orientation nous éloigne du développement personnel bien que la présentation de l’ouvrage avec une série d’exercices concluant chacun des huit chapitres pourrait laisser croire le contraire à une personne inattentive.

En effet, Elias Amidon, très conscient du piège d’un langage qui exprime avant tout la dualité, sait l’utiliser pour s’extraire de la dualité, par exemple avec les paradoxes qui bousculent la causalité linéaire et la relation figée entre le sujet et l’objet. Il y a bien une dynamique mais d’une autre nature, exprimée à travers la notion d’« offrande invisible » : « l’éveil que vous avez réalisé se donne de lui-même. Ce n'est pas un accomplissement personnel. L’ouverture de la Voie Ouverte peut être décrite de maintes façons, l’une d’elles est sa générosité naturelle, ouverte. C’est une offrande invisible qui nous est donnée et se donne à travers nous. Nous n’en sommes redevables à personne. Elle se donne simplement d’elle-même. »

Ce livre se veut avant tout pratique, ce qui n’empêche pas Elias Amidon de rappeler « la contradiction de la pratique » :

« C’est la contradiction qui réside au centre de la Voie Ouverte elle-même : ce que nous cherchons à reconnaître – notre nature originelle – ne demande aucune pratique. D’une part, toute pratique substitue un niveau de conceptualisation à la réalité de notre vraie nature. Et d’autre part, nous nous rendons compte que nous sommes hypnotisés par les identifications ainsi que par les croyances mentales et émotionnelles qui obscurcissent la réalisation de notre vraie nature, et que nous devons nous en affranchir. Pour nous y préparer, nous nous engageons dans diverses pratiques conçues dans ce but. Elles constituent une « voie ». Or ces pratiques, comme nous l’avons noté, tendent à ajouter de nouvelles couches à la conceptualisation et à ‘identification, etc. »

Tout l’art, mis en œuvre par Elias Amidon, est de nous maintenir dans un entre-deux qui ne permet pas de se poser dans l’identification. Les exercices viennent renforcer ce jeu de liberté sans jamais apporter une réponse qui ne ferait qu’obscurcir la conscience.

Source: La Lettre du Crocodile

 

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