Science et spiritualité Steve Taylor

Salué par Eckhart Tolle, le livre de Steve Taylor témoigne du changement de paradigme en cours et de l’abandon nécessaire du modèle matérialiste. Il entend dépasser le matérialisme comme le religieux pour proposer une nouvelle vision, le panspiritisme – à distinguer du panpsychisme –, qui propose d’étudier le monde à partir du postulat « tout est Esprit ».

Le matérialisme échoue à expliquer ou même explorer certains des grands sujets scientifiques et philosophiques comme la nature de la conscience, les relations entre cerveau et esprit ou entre corps et esprit, et a tendance à écarter les faits qui sortent de la norme et questionnent les modèles théoriques acceptés.

Le paradigme panspirite inclut « l’anormalité » et se montre plus adéquat que le modèle matérialiste conventionnel pour expliquer globalement le monde et appréhender la complexité de la réalité. Steve Taylor considère encore que le modèle matérialiste tend à dévaluer la vie et qu’il est grand temps de le dépasser.

La première partie de l’ouvrage aborde et distingue les grands principes des deux modèles, le modèle moniste matérialiste ou l’alternative spirituelle. Sont présentées les racines historiques, culturelles, psychologiques, existentielles du matérialisme et ses conséquences sur nos modes de vie et l’environnement. Si tout n’est pas négatif dans le matérialisme, souligne-t-il, les aspects positifs sont loin de compensés les aspects négatifs.

Les idées panspirites, comme les idées matérialistes, remontent pour l’auteur à la philosophie de la Grèce antique mais elles étaient à l’époque plus courantes, de Thalès à Plotin en passant par Anaximandre, Anaxagore, Platon et d’autres. Ce qui distingue le panspiritisme du panpsychisme tient essentiellement en quelques mots : pour le panspiritisme, « bien que la conscience soit présente en toutes choses, toutes les choses ne sont pas conscientes. Ce qi veut dire que toutes les choses n’ont pas leur propre conscience individualisée. Seules les structures – à commencer par les cellules – qui ont la complexité et la forme organisationnelle nécessaires pour recevoir et canaliser la conscience sont individuellement conscientes et individuellement vivantes ».

Steve Taylor, proche en cela des stoïciens grecs comme de Spinoza, pense que « l’essence de la réalité est une qualité qui se manifeste à la fois en termes psychiques et physiques (…) L’esprit précède à la fois la pensée et la matière et est la source des deux. ».

Pour approcher le mystère de la conscience, Steve Taylor puise dans les recherches de la physique quantique, de la neurologie, particulièrement sur les EMI, ou encore sur les phénomènes psychiques ou la génétique, à propos des sources de l’altruisme.

« En jetant le doute sur le matérialisme, nous dit-il, la physique quantique a révélé que le monde est beaucoup plus mystérieux et complexe que ce que l’on pourrait imaginer. Elle montre clairement que nous n’en avons jamais fini avec la réalité, comme le disait William James, et qu’il ne faut pas que nous croyions avoir parfaitement compris comment le monde fonctionne. Le monde tel que nous le percevons a apparemment très peu de choses en commun avec le monde tel qu’il est réellement. »

Il remarque combien la physique quantique met à mal l’opposition dualiste entre science et spiritualité, autorisant l’émergence d’une nouvelle culture scientifique comme d’une nouvelle approche spirituelle, plus libres des croyances, de présupposés figés et des conditionnements.

Sans doute, la France, toujours étroitement scientiste et faussement rationnelle, sera l’un des derniers bastions de la crispation matérialiste. Ce livre, prudent mais ouvert, fortement étayé, est une opportunité d’interroger des modèles de moins en moins dominants dans le monde et de comprendre la construction progressive de ce nouveau paradigme scientifique, exigé à la fois par l’évolution de la recherche et la situation planétaire.

 

« Ce qui me pousse au travail, c’est toujours le sentiment d’une injustice,

Et l’idée qu’il faut prendre parti. Quand je décide d’écrire un livre,

Je ne dis pas "Je vais produire une œuvre d’art" ;

J’écris ce livre parce qu’il y a un mensonge que je veux dénoncer,

Un fait sur lequel je veux attirer l’attention. »

 

George Orwell

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