Le Coran des historiens est une somme remarquable en trois volumes publiée avec le concours de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes.
Mohammad Ali Amir-Moezzi et Guillaume Dye souligne dans leur introduction générale combien « pour l’historien, le Coran demeure à bien des égards un document énigmatique., en tant que tel, dans sa textualité à l’état brut, sans les innombrables filtres interprétatifs que les traditions exégétiques, musulmanes et non musulmanes, dans la grande diversité de leurs statuts et de leurs objectifs, ont superposés à ce livre, donnant l’impression de sa plus ou moins grande intelligibilité. ».
L’objet de ce livre est de mettre à disposition d’un public non-spécialiste le fruit des deux derniers siècles de recherche académique et scientifique sur le Coran.
Le premier volume, passionnant, présente le monde qui a vu naître le Coran, notamment les contextes historiques et sociologiques. Le Coran est envisagé comme un carrefour de traditions, « point de rencontre de plusieurs religions de l’antiquité tardive. Le Coran émerge en effet à la croisée du judaïsme, du christianisme, du judéo-christianisme mais on peut y distinguer d’autres influences, par exemple zoroastriennes. L’étude des manuscrits coraniques permet de mieux saisir le contexte de l’écriture du Coran.
Le deuxième volume, en deux livres, est un commentaire historico-critique et philologique, une analyse poussée du Coran, sourate après sourate.
Le troisième volume, numérique, recense les études scientifiques portant sur le Coran, contenu et contextes. Cette bibliographie est mise à jour régulièrement.
Une trentaine de chercheurs ont contribué pendant quatre années à la réalisation de cet ensemble qui favorise la compréhension du Coran et de l’Islam comme leur place dans l’histoire et la culture mondiales.
L’ouvrage a reçu le Grand prix du meilleur livre 2020 de l’Institut du Monde Arabe. Il a néanmoins été remis en cause notamment par cette mise au point intéressante accessible sur le site des Editions Hanif.