La tradition martinésiste

L’ouvrage va permettre à tous ceux qui s’inscrivent dans la tradition martiniste et illuministe de s’approprier les fondements de ce courant, c’est-à-dire les membres des expressions actuelles de l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers, du Rite Ecossais Rectifié, et des divers ordres martinistes issus de Papus et des Compagnons de la Hiérophanie mais aussi bien sûr les étudiants de la théosophie de Louis-Claude de Saint-Martin. Tous ces courants traditionnels puisent dans la tradition martinésiste.

C’est avec la même rigueur et le même souci pédagogique rencontrés dans les cours de l’Institut Eléazar que Serge Caillet a rédigé ce livre, fruit de ses nombreuses recherches mais aussi des interactions avec tous ceux qui ont participé à ses séminaires sur le martinésisme. Serge Caillet rappelle tout d’abord la genèse de l’Ordre des Chevaliers Maçons Elus Coëns de l’Univers. Il distingue trois dépôts. Le premier est maçonnique, stuardiste. Le deuxième résiderait dans une tradition familiale et une lignée paternelle. Le troisième puise dans la tradition de magie salomonienne. Le quatrième, d’importance, naît de la pratique elle-même :

« Martinès de Pasqually a vécu en initié, il a beaucoup pratiqué la théurgie cérémonielle, au point d’enrichir lui-même son propre héritage, y compris, dit-il, de l’enseignement que la Sagesse divine elle-même lui dicta. »

 L’Ordre des Elus Coëns, avant de se formaliser dans la dualité du monde, préexiste de manière spirituelle, comme le Haut et Saint Ordre du Régime Ecossais Rectifié. L’ordre en question est indissociable de la chose elle-même qui l’anime et le justifie.

L’objet de la théurgie coën, comme d’ailleurs de la pratique du RER est la réintégration, le retour à la Source et à notre état originel. Serge Caillet présente et détaille la « carte » de ce retour, la fameuse « figure universelle ». Pour la commenter, il fait appel à d’autres figures, d’autres schémas, généralement oubliés ou négligés, qui éclairent ce modèle original.

L’arithmosophie martinésiste, singulière, est étudiée en profondeur. C’est en effet indispensable pour avancer dans la compréhension globale et particulière de la doctrine de la réintégration. Les ternaires, nombreux chez Martinès et les septénaires, clés de cet ensemble, sont analysés. La symbolique du chandelier à sept branches est envisagée selon diverses entrées qui concourent à une compréhension approfondie et opérative.

Les nombres structurent le livre comme ils structurent la création et comme ils structurent la voie de réintégration. Le lecteur avance pas à pas à travers les nombres tout comme l’opérant dans la théurgie des élus coëns ou « culte primitif ». Serge Caillet rappelle les fondements d’une telle théurgie :

« En revivant, dans des opérations individuelles ou collectives, un événement passé, à son tour, l’élu coën le réactualise à son profit ou au profit de la classe qui fait l’objet de la cérémonie. Accomplir les rites signifie alors participer aux événements qu’ils remémorent. Certes, les actes des Prophètes, des Apôtres, du Christ même, ont été réalisés une fois pour toutes et, en tant que tels, ils ne peuvent être réitérés. Mais il s’agit moins de les répéter que de s’y associer, après avoir pris conscience que ceux-ci ont été accomplis pour que chaque célébrant y participe à son tour et en son temps. En rendant présentes, pour l’impétrant d’une réception ou l’officiant d’une opération, des actions passées uniques, les rites coëns participent eux aussi de ce renouvellement personnel des épisodes clefs de l’Ecriture. »

Ce que Serge Caillet suggère c’est que l’opération théurgique est une célébration qui actualise le « déjà et pas encore ». Nous ne sommes pas dans un vain « faire » pour « avoir » mais bien dans la célébration de ce qui est. Ce sens réel de toute théurgie, ou de tout mythe traditionnel, et, plus largement, de tout rite doit être rappelé. Il interroge notre rapport au temps. La théurgie perd son sens dans une vision causale et linéaire du temps. C’est dans la présence en l’instant qu’une

« conjonction amoureuse » est possible entre l’opérant et le divin. En fait, tout au long de ce livre, il n’est question que de l’Esprit, à la fois insaisissable et inévitable. C’est par l’Esprit que la réintégration universelle est possible.

Ce livre, par sa grande cohérence, et aussi ses questions laissées en suspens, rend vivante une tradition que d’aucuns figent dans le passé ou l’approche historique. Il intéressera tous ceux qui sont concernés de près ou de loin par un courant majeur de la spiritualité occidentale.

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