Un chemin sans trace

Ken Macleod offre au lecteur la traduction commentée d’un texte de la tradition dzogchen, un poème de Jigmé Lingpa, mystique tibétain du XIIIème siècle, poème considéré comme « trésor de l’esprit ».

« Ce livre, annonce-t-il, traite d’une conscience qui va au-delà de l’esprit conceptuel. Comme tel, il parle aux pratiquants de nombreuses traditions contemplatives, depuis le Zen jusqu’au soufisme, de Lao Tseu jusqu’à Maître Eckhart. (…)

Que cette conscience soit décrite comme un éveil ou une paix profonde, elle ouvre à une liberté profonde. Cela change nos relations avec ce dont nous faisons l’expérience et, cela change notre relation à la vie. »

Toutefois, préviens Ken Macleod, il ne s’agit nullement de développement personnel, nous sommes ici à l’opposé de tout rapport marchand ou utilitaire. « Dans la plupart des cas, cela rend la vie considérablement plus difficile. »

Jigmé Lingpa met l’accent sur l’importance de l’expérience direct, du simple au lieu de la complexité et de la confusion des approches conceptuelles. Il insiste sur « notre potentiel de connaissance non-conceptuelle.

Ken Macleod commente chaque strophe du poème. Quelle que soit sa pratique, le lecteur se reconnaîtra dans les présentations des approches conceptuelles et des écueils qu’elles génèrent, que ce soient des chemins caractérisés par la vacuité ou la compassion ou des pratiques tantriques, rituelles ou non. Jigmé Lingpa met en garde contre l’adhésion à tout système, à la manière dont la pratique peut subtilement renforcer l’attachement au moi. L’atemporalité de la liberté est l’une des clés de ce qu’il propose. De manière significative, celui qui parle dans le poème est désigné comme le « Bon Toujours Présent ».

L’éveil étant déjà là, la grande complétude étant ma véritable nature, il n’y a rien à faire. Jigmé Lingpa enseigne une non-pratique. L’attraction, l’aversion et l’indifférence déforment l’expérience. Il s’agit de devenir libre de ces pensées déformantes, des sables mouvants de la compréhension intellectuelle. « L’esprit éveillé est l’essence de toute expérience. »

Les explications et les observations d’éventuels résultats sont souvent stériles, elles masquent les véritables instructions, l’auteur en est bien conscient et le lecteur en est averti. Au fil des strophes et des commentaires, les mots et métaphores peuvent défaire le tissage courant des mots et permettre d’approcher cette grande complétude qui n’est que liberté. Jigmé Lingpa parle de « libération du surgissement », « libération naturelle » et « libération directe ».

L’ouvrage s’adresse probablement à des pratiquants déjà entraînés mais tout est possible, l’esprit est libre, et les pratiquants peuvent être trop enfermés dans leur projet d’éveil. Alterner observation et repos jusqu’à ce que les deux ne fassent qu’un est une manière de dire l’éveil.

« Bouddha ? L’éveil complet ? Qu’est-ce que cela ? Pour commencer, nous découvrons que nous n’avons jamais été endormis, même s’il semble que nous nous soyons réveillés d’un rêve. »

Source: La lettre du crocodile  

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