A quoi réfléchissent les Francs-maçons

L’ouvrage d’Alain Bauer et de Jean-Claude Rochigneux rend compte des questions données à l’étude des loges de 1844 à nos jours. C’est un témoignage important de l’activité maçonnique et de l’orientation des obédiences concernées même si cela ne reflète pas exactement l’activité des loges qui ont le choix des sujets traités lors de leurs travaux.

C’est le Grand Orient de France qui fut, en France, à l’origine des questions à l’étude des loges avec la mise en place dès 1844 de « vœux » qui devinrent en 1900 ces « questions à l’étude des loges » qui perdurent aujourd’hui, parfois avec succès mais, assez souvent, dans l’indifférence des membres de l’ordre qui n’en voient pas ou plus l’intérêt. En effet, tout particulièrement au Grand Orient de France, les questions posées sont avant tout sociétales. Des questionnements proposés découlèrent de réelles avancées pendant des décennies comme l’abolition de la peine de mort, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, l’autorisation de l’avortement… Ces dernières décennies, nous avons du mal à observer des apports significatifs au bien-être général.

Les auteurs ont choisi de présenter les questions à l’étude des loges chronologiquement et par obédience. Le lecteur peut ainsi replacer la question dans son contexte historique et observer comment la Franc-maçonnerie annonce ou prépare des changements sociétaux ou au contraire cherche à les comprendre après coup.

Nul ne sera étonné, aucune question à l’étude des loges du Grand Orient de France ne porte sur la dimension initiatique, ce qui met en évidence l’orientation de l’obédience qui peut être contredite par l’activité réelle de loges qui se veulent parfois symbolistes et portent un projet initiatique. Il en est de même à la Grande Loge de France, de manière moins marquée toutefois. Depuis 1902, les questions sont surtout sociétales mais ici et là pointent des sujets plus spirituels ou métaphysiques. Nous constatons une plus grande ouverture spirituelle à la Grand Loge Féminine qui a traité ou traite bien sûr des questions sociétales, notamment autour de la place des femmes et de leur liberté, mais s’oriente de plus en plus sur des sujets spiritualistes ou philosophiques. Nous trouvons également la préoccupation initiatique davantage présente au Droit Humain et de plus en plus dans les dernières décennies. Deux exemples : « La pensée symbolique et la démarche initiatique, contradiction ou complémentarité dans la pensée rationnelle ? (1996) » ; « En quoi la pratique rigoureuse des rituels favorise-t-elle la transmission initiatique ? ».

C’est sans surprise à la Loge Nationale de France que nous trouvons régulièrement des questions initiatiques pour chacun des trois rites représentés : Rite Français Traditionnel, Rite Ecossais Rectifié, Rite Emulation. Les questions historiques sont également très présentes, conséquences de la démarche de recherche de l’obédience.

Nous trouvons également les questions à l’étude des loges de la Grande Loge mixte universelle, de la Grande Loge mixte de France et enfin de la Grande Loge féminine de Memphis-Misraïm. La Grande Loge traditionnelle et symbolique Opéra comme OITAR ne proposent pas de questions à l’étude des loges.

Bien entendu, nous ne savons pas dans ce livre comment les questions sont reçues et traitées. En annexe, nous trouvons une « nouvelle méthode pour les questions à l’étude des loges » présentée en 2006 à l’initiative de Jean Verdun et malheureusement restée lettre morte. Jean Verdun, conscient de la stérilité du système de questionnement, souhaitait le renouveler en prenant en compte les évolutions tant maçonniques que non maçonniques.

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