La Liberté d’être par Jean Klein

Jean Klein fut l’un des premiers penseurs français introduits au non-dualisme du Cachemire. S’il a étudié et pratiqué d’autres courants de l’Inde traditionnelle, son enseignement direct est imprégné de la fulgurance des maîtres cachemiriens.

Cet ensemble d’entretiens, accordés dans la première partie des années 80, ne perd jamais de vue la non-séparation. Jean Klein cherche toujours à conduire son interlocuteur, ou le lecteur, à sa véritable nature, absolument libre. Les propositions de Jean Klein sont à la fois techniques et affranchies de toute technicité.

Voici quelques paroles de Jean Klein qui mettent en évidence la pertinence de ce qu’il offre :

« Dans une situation d’ouverture, vous êtes amour inconditionné. Et inhérente à cet amour, il y a une intelligence qui vous indique exactement comment vous comporter à l’égard de votre frère. Mais vous devriez aussi comprendre qu’effacer la souffrance de votre frère n’est pas un réel bienfait pour lui. La souffrance indique quelque chose. Tout comme une alarme, elle vous alerte. Mais ne tentez pas de vous dérober en posant une quelconque interprétation psychologique. On doit réellement voir ce vers quoi pointe la souffrance.

Vous pouvez aider votre frère à découvrir qui est celui qui provoque la souffrance. Comme tout objet, comme toute perception, la souffrance nous rapatrie vers la conscience, vers l’Ultime, car c’est l’Ultime qui éclaire l’objet. »

« Une expérience survient. Elle ne peut être pensée. Penser n’est pas une expérience directe, c’est traquer une sensation qu’on s’efforce de réitérer. Dans une expérience réelle, la personne qui expérimente est totalement incorporée à ce qui est expérimenté – les deux ne font qu’un, sans qu’interviennent mémoire et problème d’identité. En fait il s’agit d’une non-expérience car il n’y a personne pour expérimenter quoi que ce soit.

Dans le domaine de la technologie, multiplier les expériences est nécessaire, et ne conduit pas à un conflit. Mais sur le plan psychologique, qui est gouverné par la dualité plaisirs-déplaisirs, accumuler des expériences ne fait que renforcer l’ego et rend impossible la véritable expérience, c’est-à-dire la non-expérience. »

Au cours de ces entretiens, tous les aspects de la vie spirituelle ou psychologique sont abordés, peurs, désirs, stratégies, adhérences, conditionnements… Mais Jean Klein ne répond pas aux questions sur le même niveau logique, qui maintiendrait dans la dualité, il traverse le questionnement et entraîne le lecteur dans cette traversée avec bienveillance.

« Mais vous touchez quelque chose de plus profond au moment où vous vous demandez « quelle est la raison qui me pousse à poser cette question ? ». Derrière la question il y a une image, celle que vous avez de vous-même, une image marquée par l’insécurité et la peur. L’observation de cette peur vous place à l’extérieur de cette peur. Ainsi la question est-elle une distraction, une façon de vous fuir.

Mais qui essaie de fuir ?

C’est la personne, c’est « l’ego », toujours en quête de distraction, qui pose la question. Aussi faites de cette image du « Je » un objet d’observation. La personne est simplement une image projetée dans l’espace-temps. Elle est discontinue. L’observation, elle, en se tenant en dehors de l’espace-temps, est continue. C’est dans votre conscience que vous voyez apparaître l’objet, la personne, et c’est alors que cesse l’envie de vous identifier à cette image projetée. »

Jean Klein, au fil des questions, décrypte le fonctionnement de la mémoire et sa participation à la constitution de cet assemblage que nous appelons « moi » ou « personne ». Ce sont les mécanismes de la relation entre le sujet et l’objet qui sont mis à nu, soit les mécanismes de la séparation. Leur simple observation permet de s’orienter vers la non-séparation, vers l’unité.

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