Irène Mainguy, par son œuvre érudite, met à la disposition des Francs-maçons, et au-delà à tous ceux qui sont concernés par le symbolisme, un ensemble exceptionnel d’outils de travail et de référentiels,
destinés, non seulement à s’approprier les symboles traditionnels mais à les mettre en œuvre échappant aussi à la réduction, devenue courante, du symbole à une représentation. Ses ouvrages sont devenus aujourd’hui indispensables.
Voici la quatrième édition de ce livre précieux pour les chercheurs.
« L’enseignement maçonnique, rappelle-t-elle au lecteur, propose une règle de conduite basée sur la méditation d’une géométrie dans l’espace où tous les signes se font par équerre, niveau et perpendiculaire. Quand la marche n’est plus d’équerre, elle se fait en traçant des courbes qui correspondent à des demi-cercles. C’est ce qui est appelé passer de l’équerre au compas. C’est dire la prééminence de l’usage des outils dans cette forme traditionnelle et la nécessaire compréhension de leur utilisation dans cette voie de réalisation constructive. »
« Au fur et à mesure de son cheminement, le maçon prend conscience que les outils reçus sont des moyens symboliques qui favorisent sa transformation intérieure et que le modèle du temple recherché se situe dans le sanctuaire de son être. »
Trop souvent, les symboles sont appréhendés dans une dimension morale ou psychologique qui ne permet pas leur mise en œuvre comme énergie de transformation ou d’accès à l’être. En rétablissant la géométrie comme centre de la démarche maçonnique, Irène Mainguy nous ramène à l’essentiel. Evoquant aussi bien Schwaller de Lubicz que Titus Burckhardt, elle rétablit l’articulation nécessaire entre les fonctions artisanale, chevaleresque et sacerdotale, cette dernière comprise comme manifestation de la liberté absolue, à la fois source et finalité de toute chose. Elle revient au corps, à la fois matière et moyen de l’œuvre et en premier lieu à la main, prolongée par l’outil. Trop souvent, la gestuelle maçonnique est ignorée, les images et objets étant privilégiés, alors qu’elle vivifie littéralement le rite.
Le premier des outils étudiés par Irène Mainguy, sous-estimé trop souvent, est la faux, outil auquel se confronte le récipiendaire dans le Cabinet de réflexion. Suivent les outils selon les grades d’Apprenti, Compagnon et Maître, du maillet à la truelle. Mais elle s’attarde aussi sur d’autres outils moins investis comme la louve ou la hache, pourtant importante comme symbole de la foudre.
Enfin, elle étudie les principaux symboles du Chevalier de Royale Hache ou Prince du Liban et les outils de l’Arc Royal.
Si notre monde, soi-disant avancé, a occulté, ou perdu, le sens sacré du travail, perdant ainsi la possibilité de faire du travail une voie spirituelle, le Franc-maçon est appelé à restaurer pour lui-même et en lui-même le travail comme spiritualité. Ceci passe par le maniement ajusté des outils.
Source: La lettre du crocodile