L’amour de soi. Le rêve originel de Shri Nisargadatta Maharaj

Shri Nisargadatta Maharaj est un grand sage de Bombay qui manifesta parfaitement la non-dualité au quotidien. Son enseignement, très direct, souvent percutant, vise à réaliser immédiatement la non-séparation.

Outre les bhajan quotidiens, Nisargadatta donnait un discours deux fois par semaines. De 1977 à 1981, un disciple de Nisargadatta, Shri Dinkar Kshirsagar a noté scrupuleusement les paroles de Maharaj. La diffusion de ces notes cumulées fut approuvée par Nisargadatta. D’abord publié en marathi, ce recueil réorganisé, fut traduit en anglais puis, de l’anglais, en français.

Nisargadatta ne traite que de l’essentiel mais à chaque fois sous un angle différent afin de créer un accès direct au Réel. Il ne laisse jamais son auditoire se laisser emporter par les périphéries, ce qui rend précieux et efficace chacune de ses paroles.

« En essence, vous n’êtes pas différent de Brahman ; mais vous imaginez que vous êtes le corps. A cause de cette identification erronée, vous croyez au péché et au mérite. De plus, vous croyez que vous êtes une victime des circonstances. Le point fondamental est l’identification avec le corps, et le fait d’être un homme ou une femme. C’est une erreur même de considérer que vous êtes un être humain. En réalité, vous êtes seulement la conscience pure, qui écoute à présent. »

Le questionnement subtil que propose Nisargadatta ne vise pas à trouver des réponses qui seront encore des agencements de concepts mais à laisser libre la place pour le Soi.

« Comment étiez-vous quand il n’y avait pas d’expérience d’avoir un corps ? En l’absence d’ignorance, il ne peut y avoir de la connaissance. A cause de l’ignorance de l’enfant à la racine, il y a une accumulation de plus en plus d’informations. La connaissance ainsi que l’ignorance ne sont que des illusions primaires, donc fausses. L’ignorance est à la racine de tout. Sans votre corps, vous ne savez pas que vous êtes. Notre conscience même est appelée l’esprit, l’intellect, la conscience individuelle, et l’ego. Quand l’information de notre existence est connue comme insignifiante, il n’y a aucune possibilité pour des modifications mentales quelconques. Qui vient en premier, l’esprit ou moi ? Si je n’existe pas, qu’est-ce qui pourrait exister ? Comment appelle-t-on cet état ? » Nisargadatta réaffirme inlassablement ce qui est, écartant croyances et identifications.

« Tant qu’il y a prana dans le corps, Atman est le témoin de tout événement. Pour Lui, il n’y a ni aller ni venir. Vous êtes Atman, mais vous ne l’avez pas encore réalisé. Vous devez vivre en tant qu’Atman et pratiquer l’ascèse. Atman est le même en tous. Ceci est un fait qui doit être compris. On doit avoir la conviction d’être la conscience elle-même. Alors on sait que tous les noms sont les siens. Être sûr de ne pas être le corps signifie être un vrai dévot. Même conquérir le monde ne procurera pas une pleine satisfaction. Ceci est possible seulement après la réalisation du Soi, qui signifie être le Soi. »

« La disparition du corps, qui fait si peur aux autres, sera si agréable pour vous. Soyez prêt pour ce plaisir. » dit-il encore.

« Tout ce que vous entendez et acceptez comme étant vrai vous affecte, selon votre croyance. La meilleure chose à faire, c’est de tout rejeter comme étant faux. Un jnani est un nirguna, même s’il est dans un corps, qui fait partie de saguna. Nirguna est le non-manifesté, et saguna est le manifesté. C’est le connaisseur de tout. Le monde entier est contenu dans un atome de conscience. Notre souffrance commence avec notre imagination de vivre dans le monde. Mais c’est comme un état de rêve ; s’en réveiller donne la libération. »

Chaque discours oriente vers l’évidence de la non-dualité.

« Continuez vos activités normales comme vous voulez, mais ne vivez pas comme le corps. Vous devez vivre comme Atman. »

Les titres donnés aux chapitres, souvent brefs, correspondants à chaque discours, donnent le ton de ces cinq cents pages : « La libération, c’est être libre de concepts » ; « Pas de temps, pas de monde » ; « Le toucher de « je suis » est dans le moment présent » ; « Changez votre compréhension, pas vos actions » ; Vous êtes Paramatman, ni attaché, ni libre » ; « La mort est terrible mais personne n’en a fait l’expérience » ; « Le mot « immaculé » ne signifie pas « blanc » » ; « Mendier à moitié nu ne signifie pas le détachement » ; « Réaliser le Soi, c’est être complet » ; etc.

Nisargadatta ne laisse pas de place pour l’obtention, seulement pour la célébration de ce qui est. Il ne cherche ni à gagner du temps, ni à en perdre, il dissout l’identification au temps comme l’identification au corps. Il sait que la libération est juste à un mot de nous-même et, à chaque lecteur, il offre ce mot.

Source: La lettre du crocodile  

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