Déjà auteur de deux ouvrages importants, publiés chez le même éditeur, Hiram en 2017 et La Franc-maçonnerie opérative au rite Emulation en 2013, David Taillades poursuit son travail de recherche en histoire maçonnique.

Affranchi des idéologies et des mouvements d’école, David Taillades cherche à poser un regard neuf sur l’histoire maçonnique en appliquant les règles de la recherche universitaire. Il lui a semblé indispensable de réviser les chronologies convenues en établissant une classification rigoureuse des Old charges, les règlements du métier.

Nous savons maintenant que la date de 1717, avancée comme naissance de la Franc-maçonnerie londonienne, est erronée. Il s’agirait plutôt de 1721. Mais bien des questions demeurent. David Taillades a ainsi repris les sources documentaires anciennes.

Il commence par traquer les documents concernant l’admission de Robert Moray et Elias Ashmole, considérés comme « les deux premiers et plus célèbres maçons non opératifs » considérés comme « initiés » pour « explorer désormais les manuscrits maçonniques, afin de voir dans quelle mesure leur réexamen pourrait résoudre les incohérences et manques de la théorie dominante concernant les origines de la Franc-maçonnerie. ».

Les textes étudiés, parfois en vieil anglais, sont accompagnés de traductions au plus près du texte original. Chaque texte est replacé dans son contexte, en ses diverses dimensions, historique, culturel et religieux notamment. Les Constitutions gothiques, les manuscrits des XVème et XVIème siècles, Henery Heade, York n°1, Buchanan, Harris n°1, Colne n°1, Taylor, ou du XVIIIème comme Wood, Sloane n°3848, Inigo Jones, Harleian n° 2054 et n° 1942, Solane n°3329, Grand Lodge n°2, Graham et autres sont analysés, sans oublier des manuscrits écossais.

David Taillades tire plusieurs conclusions de ses analyses rigoureuses et ouvrent plusieurs pistes : Il y a toujours confusion entre la date du support et la date du contenu mais la plupart des chercheurs s’en tiennent à la date du support.

Ecarter des textes en raison de leur singularité est une erreur.

Il n’existe pas de manuscrit originel « complet ».

« Les manuscrits nous révèlent progressivement, en fonction des époques et des circonstances, la tradition spéculative maçonnique qui a toujours été présente dans le métier en Angleterre, comme on le voit déjà dans le Cooke. »

Le vide documentaire supposé entre 1410 et 1583 n’existe pas.

Les erreurs méthodologiques et l’absence de prise en compte des contextes ont nuit considérablement à la recherche maçonnique.

Un statut de maître maçon existait bien dans le métier, dans son côté spéculatif, depuis toujours. L’influence protestante a conduit à l’occultation ou l’altération des mystères du métier, de la spéculation géométrique et d’enseignements à caractère mystique venus du métier.

Il y eut un véritable conflit entre les héritiers de cette maçonnerie ancienne et les tenants d’une « modernisation » à Londres, dans les années 1720.

La Franc-maçonnerie actuelle est largement altérée.

David Taillades, tout comme John Belton, dans sa postface à l’ouvrage, appellent à l’ouverture d’un vaste chantier de recherche. Ce travail précis et nécessaire invite fortement à initier une nouvelle phase de la recherche en histoire maçonnique.

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