La Franc-maçonnerie sous Napoléon III par Alain Queruel

Cet ouvrage s’inscrit dans un mouvement d’analyse lucide de cette Franc-maçonnerie du Second Empire si décriée, accusée de collusions politiques diverses. Depuis les années 80/90, en replaçant les événements dans leurs contextes, de nombreux auteurs ont permis de mieux comprendre cette période maçonnique, caractérisée, comme le souligne dans une préface dense et riche Yves Hivert-Messeca, par des loges éphémères et la fragmentation de l’Ordre maçonnique.

Alain Queruel commence par analyser cette période selon leurs grands-maîtres. Il étudie ainsi trois périodes : La première période, 1852 – 1862, se déroule sous l’autorité, voire l’autoritarisme, du prince Murat, nommé par le pouvoir. Cette nomination, destinée à sauver une Franc-maçonnerie en souffrance, allait susciter interrogations et rejets. Les erreurs du prince allaient entraîner des troubles importants dans les loges.

La seconde période de 1862 à 1865 est caractérisée par l’action d’un nouveau Grand-Maître, le maréchal Magnan, non maçon, initié à tous les grades en une journée, nommé pour remettre de l’ordre. Ce qu’il tenta de faire en voulant fusionner toutes les obédiences sur ordre de Napoléon III. Les réactions furent vives aussi bien du côté du Suprême Conseil du Rite Ecossais que du Rite de Misraïm. Il fut aussi confronté à la fronde de certaines loges du Grand Orient.

De 1865 à 1870, le général Mellinet est le nouveau Grand-Maître. Sa grande-maîtrise coïncide avec le passage d’un Empire autoritaire à un Empire plus libéral ce qui favorise les apaisements. C’est une période qui se caractérise par la multiplication des sujets sociaux dans les loges, l’émergence de la cause féministe et de la question de la présence des femmes en maçonnerie, mais aussi par le développement de la laïcité. Ce ne fut pas pour autant une période d’accalmie. Proudhon comme Blanqui sont en effet Francs-maçons. 1870 sera une année catastrophique pour l’Empire comme pour la Franc-maçonnerie.

Dans le reste de l’ouvrage, l’auteur traite de la Franc-maçonnerie hors métropole, en Afrique et en Outre-mer, avant de s’intéresser à des personnalités maçonniques de l’époque, engagées dans les combats politiques, dont Proudhon.

Ce livre, clair et agréable, offre au lecteur une vision à la fois globale et particulière d’une Franc-maçonnerie prise dans les agitations de son époque, qui lutte parfois pour sa survie mais qui finalement tient bon et prépare à la fois son émancipation du pouvoir et l’avènement de la modernité.

Source: La lettre du crocodile  

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