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Voici un livre profond sur l’initiation maçonnique. En écho au Guide des égarés de Moïse Maïmonide, Jean Bartholo prend en compte le doute maçonnique, composante essentielle et inévitable de la démarche qui s’inscrit dans des oppositions classiques entre tradition et modernité, initiation et éducation, entre autres.

Jean Bartholo note que nous souffrons peut-être d’avoir perdu la candeur :

« En perdant cette « candeur », l’homme a aussi perdu le secret du bonheur. Toute sa science et toutes ses techniques le laissent inquiet et seul. Seul devant la mort. A certaines heures de lucidité, l’homme comprend que rien ne pourra lui rendre une joyeuse et profonde confiance dans la vie, à moins d’un recours à une source qui soit en même temps un retour à l’esprit d’enfance. La parole de l’Evangile n’a jamais paru aussi lourde de vérité humaine : « Si vous ne devenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux ». »

Les meilleurs travaux maçonniques depuis trois décennies sont principalement à caractère historique. La recherche en histoire maçonnique a fait de remarquables progrès et clarifie beaucoup la compréhension des mouvements maçonniques. Cependant, cela n’a rien à voir avec la dimension initiatique, cela peut même être un leurre cruel de croire que l’histoire sert d’une quelconque manière l’initiation, processus a-historique. Ce livre en est d’autant plus important car il est consacré au Mystère, et aux mystères, propres à l’initiation, dans le contexte maçonnique. Les méditations proposées par l’auteur éclairent des aspects de la queste et permettent au lecteur de mieux distinguer les jeux et les enjeux auxquels il est confronté, d’accepter le retournement, la rupture et relever « le pari sur la quête initiatique ».

Il est beaucoup question de sens, sens de la démarche, sens de l’initiation, sens des divers franchissements, des signes corporels…

Jean Bartholo attire l’attention du lecteur sur la compréhension du silence et de la parole :

« Le silence authentique n’est pas une absence de parole. Mais à quel type de parole se trouve-t-il lié ? « Au commencement était la parole « nous dit le Prologue de Jean. La parole authentique est celle qui est au plus loin du bavardage. Or la parole est authentique lorsqu’elle procède du silence. Il y a ce mot extraordinaire de saint Irénée, au IIème siècle de l’ère chrétienne : « Du silence du Père surgit la Parole du Fils. » La parole surgit du silence. La parole et le silence sont les deux faces du même Mystère. Le commencement c’est le silence. Et du silence surgit, apparaît la parole. L’ouverture des travaux en loge en est un exemple significatif. Avant le premier coup de maillet qui va libérer la parole pour ouvrir la loge, comme le veut le rituel, un profond silence s’installe dans le Temple. »

Jean Bartholo questionne de même les notions d’amour, de fraternité, de vérité, de justice, éthique, de devoir, suscitant l’ouverture par une pensée à la fois synthétique et pertinente. Il présente la démarche maçonnique comme une récapitulation, récapitulation des combats de l’humanité à travers l’exploration et la mise en œuvre des grands mythes fondateurs.

« La croisade, confie-t-il, a eu tort de vouloir conquérir positivement le Saint-Sépulcre. En réalité, toute la religion est orientée vers le « temps de la résurrection », comme la maîtrise est orientée par le relèvement d’Hiram en chaque maître. Le Franc-maçon doit donc devenir un chevalier spirituel. L’origine du cheminement spirituel est la rupture du chevalier avec son lieu d’enracinement terrestre, rupture qui permet l’élan vers la présence véritable, avec la prise de conscience d’une présence dans l’Ici et Maintenant. »

Ce livre est une invitation au simple. Jean Bartholo nous incite à voir la beauté dans ce qui se présente et à redécouvrir notre véritable nature qui n’est que liberté.

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