Théurgie et manifestations spirituelles dans la théosophie : la correspondance Saint-Martin Kirchberger

« Bon Compagnon », « Ange Gardien », « épouser le Divin Réparateur », les champs de la mystique et de l’illuminisme ne manquent pas d’expressions décrivant ces élans vers Dieu. Oser s’adresser de la sorte à Lui, à ses intermédiaires angéliques, prend bien souvent, comme point de départ une « expérience fondatrice ». Un jalon, qui marque un franchissement, une rupture, entre un passé, accessoire, et un devenir aux contours incertains et parfois inquiétants : grands et petits mystères ne se dévoilent qu’aux âmes avancées, parait-il... Et c’est rarement de tout repos.

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Dominique Clairembault nous propose de nous plonger dans la correspondance qu’échangèrent Louis-Claude de Saint-Martin (1743-1803) et le suisse bernois Niklaus Anton Kirchberger (1739-1799).

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Cent-cinquante-cinq lettres échangées entre 1792 et 1799, au beau milieu de la Révolution Française…

Saint-Martin est alors réfugié à Strasbourg et connait sa pleine maturité spirituelle. La théurgie qu’il a pratiquée vingt ans auparavant avec ses frères Élus Coëns, (période Martines de Pasqually), ne représente, pour lui, que de lointains souvenirs.

Mais contre toute-attente, son épistolaire suisse, qui a échangé avec le munichois Karl von Echkartshausen, et se passionne pour les pratiques occultes de Cagliostro, l’assaille de questions sur ces « manifestations spirituelles » : ces apparitions divines, ou angéliques, (glyphes lumineux, sceaux, nuages etc.) qui surviennent au cours de ces cérémonies théurgiques. Une amitié, épistolaire, va éclore entre ces deux hommes.

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« Le XVIIIe siècle a commencé par le triomphe des philosophes rationalistes et a fini dans l’amour du merveilleux ! »

« Si la grande mode de cette époque consistait à s’intéresser au magnétisme et au somnambulisme, aucun des deux ne s’est passionné pour ces questions… » nous précise Dominique Clairembault.

Leur correspondance s’articule en effet autour de deux axes : l’un questionne la validité (et l’intérêt) de ces manifestations, le second porte sur la traduction en français des œuvres de Jakob Boehme.

Kirchberger écrivant aussi bien l’allemand que le français, son aide et ses conseils furent très bénéfiques pour Saint-Martin qui décidait justement, à cette même période, d’apprendre l’allemand afin de traduire les oeuvres de Jakob Boehme en français.

Souhaitez-vous, à la suite de l’analyse passionnante de cette correspondance, vous interroger sur les origines et le sens que « ces manifestations actives de l’intelligence », du Christ, ici, en l’occurrence, peuvent revêtir ?

Faut-il craindre, fuir, ou au contraire favoriser ces apparitions qui peuvent être perçues comme un salut amical – et rappel – d’une présence ; clin d’œil et encouragement du « bon compagnon » ?

Pour des raisons aussi obscures qu’incompréhensibles, les hommes d’église ont souvent combattu ces rituels. Trois siècles avant Kirchberger et Saint-Martin, déjà, en plein Quattrocento florentin, le clergé soupçonnait Pic de la Mirandole et son ami Marsile Ficin de « frayer avec les démons », lors de leurs évocations théurgiques…

Pour ces derniers, fervents chrétiens et pour rien au monde occulistes et encore moins nécromanciens, ce savoir pratique (cf. « Mageia » ou « Magus », « connaissance », « sagesse ») représentait l’accomplissement de la philosophie naturelle…

Si l’homme par ses prières, ses hymnes ou rituels, parvient à convoquer les puissances sous-jacentes de la Nature : à qui cela pose-t-il un problème ?

Eléments de réponse ici, par Dominique Clairembault.

Remerciements au groupe d’Etudes Politica Hermetica.

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