Hergé de profil de Bertrand Portevin

Bertrand Portevin a consacré déjà deux essais au créateur de Tintin et Milou, Le monde inconnu d’Hergé en 2001 et Le démon inconnu d’Hergé en 2004, tous les deux publiés chez Dervy.

Avec ce nouveau livre, ce sont les rapports entretenus par Hergé avec certaines dimensions traditionnelles qui sont étudiés. La famille d’Hergé s’intéressa au sujet que cela soit la théosophie, la Franc-maçonnerie ou les expressions rosicruciennes.

Bertrand Portevin porte un nouveau regard sur les albums de Tintin à la recherche d’éléments symboliques faisant cohérence dans des registres traditionnels. L’album Les Cigares du pharaon apparaît alors comme un album séthien où les traditions antiques des neter égyptiens sont appelées en arrière-plan de l’intrigue. Cet album comme beaucoup d’autres présentent deux intrigues, l’une exotérique, une aventure, l’autre ésotérique, un message. L’auteur postule que Hergé fut enseigné en égyptologie par Jean Capart (1871-1947) « père de l’égyptologie belge, grand spécialiste de Séthi 1er au sanctuaire duquel il consacra un livre entier. (…) Tous les tintinophiles savent qu’il utilisera la figure de ce grand savant pour camper son Philémon Siclone (deuxième version). »

Mais le sentiment religieux d’Hergé le conduira vers d’autres spiritualités, catholicisme et bouddhisme notamment. Si pour certains spécialistes de Tintin comme le dominicain Dominique Cerbelaud, auteur de L’Archipel Tintin sous le nom d’auteur de Cyrille Mozgovine, Hergé multiplie les références catholiques, c’est inconsciemment, Bertrand Portevin y voit une intention délibérée d’inclure des allusions christiques dans son propos. Tout en reconnaissant le catholicisme très conservateur qui a conduit Hergé une bonne partie de sa vie, Bertrand Portevin écarte les accusations d’antisémitisme.

Avec Tintin au Tibet, Hergé va s’affranchir d’une culpabilité très catholique à une période particulièrement difficile de sa vie. Il introduit alors une autre sagesse dans la vie de Tintin qui lui aussi devient moins perfectionniste.

Bertrand Portevin prend appui à plusieurs reprises sur l’astrologie et la symbolique des tarots. Il sait qu’il existe une limite aux lectures symboliques. Il tend à distinguer ce qui s’inscrit possiblement dans une pensée construite à partir d’une intention délibéré d’Hergé de ce qui relève d’une simple spéculation. Le portrait qu’il dessine d’Hergé est celui d’un mystique pointilleux qui rassemble de nombreuses connaissances traditionnelles pour les utiliser très subtilement.

« Bienvenue à bord du tome 3 ! nous dit-il. Sur une trame essentiellement religieuse viendront s’entremêler différents chapitres et textes initiés par des conférences, articles ou interventions dans des colloques et repris ici avec toute l’ampleur qu’autorise l’édition d’un livre. Les dieux et croyances de l’Egypte antique, Israël et le monde juif, la chrétienté, le bouddhisme et le taoïsme se suivront dans l’ordre. Au lecteur d’en chercher le lien qui les unit, ainsi que le fit toute sa vie Hergé, en quête spirituelle autant qu’en recherche de ses origines : éternelles questions qui se posent à toute conscience ! »

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