D’où viens-tu ? D’une loge de Saint Jean. 1717 par Thierry E. Garnier

A l’occasion du tri-centenaire de la fondation de la Grande Loge d’Angleterre, à Londres, grande date de l’histoire maçonnique, Thierry E. Garnier propose une belle plaquette invitant à penser la place de cet événement et de sa célébration aujourd’hui. Que faire en effet des légendes et des travaux universitaires, de plus en plus rigoureux, sur les origines maçonniques ?

Thierry E. Garnier, tout en identifiant les dimensions légendaires et en prenant en compte les découvertes historiques, rappelle à la Tradition :

« Nous retiendrons donc, en avertissement pour notre lecteur, qu’entre gnose romanesque et études universitaires, une voie supérieure s’impose à nous concrètement, celle de l’oralité et de la transfiguration des symboles ancestraux rectifiés en une pratique opérative véritable, permettant de bouche de maître à oreille de disciple de concevoir une réelle filiation transcendantale où, initiations solaires, éveils de la conscience, recréations du monde des idées, donnent toute leur place aux formes imaginales décrites par Henry Corbin et ce, dans une interface magnifiée qui n’est autre que celle de la Tradition pérenne et de la Parole perdue. »

Les recherches historiques défont l’engendrement des légendes mais n’éclaircissent en rien le mouvement serpentin des voies initiatiques agiles à disparaître, changer de formes, réapparaître de manière inattendue. Leurs méthodologies ne sont tout simplement pas adaptées à saisir l’insaisissable ni même d’ailleurs à comprendre la circulation des « élites » qui, au fil des siècles, assure la vivance des scènes traditionnelles.

« Comme on le voit, poursuit Thierry E. Garnier, les pistes s’entremêlent si habilement qu’il semble presque impossible pour le chercheur d’entrevoir derrière le mythe colporté la véracité de l’infrahistoire. Pour nous la vérité – si elle n’est pas ailleurs – est sans doute à puiser dans un entre-deux visionnaire qui verrait par imbibition progressive la maçonnerie opérative des loges médiévales transmettre par symboles interposés à la fois la lettre et l’esprit, et la maçonnerie spéculative, dans une vision de premier degré, transmuter ceux-ci en une praxis initiatique renouant en conscience – ou pas – avec les cultes antiques à mystères issus des mondes égyptiens et grecs. Cagliostro, en son temps ne considérait-il pas que toute lumière vient d’Orient et que toute initiation vient d’Egypte. »

L’histoire, est et restera, c’est heureux, une science profane. Elle a son utilité mais ce sont l’infrahistoire et la métahistoire, qui ne relèvent pas des préoccupations chroniques, qui servent et véhiculent l’initiation. Thierry E. Garnier alerte avec raison contre la stérilisation du procès initiatique par l’histoire raisonnée, il n’y a jamais d’initiation sans poésie, même sur la voie la plus sèche qui soit.

« Une fois que la lettre aura définitivement asséché l’esprit et qu’une fois de plus les historiens patentés auront, comme de coutume, rétabli toutes les vérités bonnes à dire – c’est là leurs rôles de « scholars » (pour reprendre le terme ironique de Paracelse) – mais aussi achevé leur entreprise de démolition, que restera-t-il, au-delà des nuages, des rituels précieux et de soutils compagnonniques de métiers qui pourtant parsèment en abondance dans le Temple maçonnique, chaque initiation. »

En nous rappelant que le combat contre les « instituteurs » que mena Louis-Claude de Saint-Martin est on ne peut plus actuel, c’est le sens traditionnel et initiatique même que défend Thierry E. Garnier.

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