Connaissance de la Totalité de Serge Carfantan

En posant la question « Pourquoi (entendez comment) l’univers fonctionne comme une totalité vivante ? » Serge Carfantan s’engage dans une démarche très wilberienne, c’est-à-dire intégrale, afin de rassembler les savoirs trop fragmentés de notre époque en un ensemble dynamique capable de nous rapprocher du réel, qui échappe toutefois à toute modélisation, à la fois dans sa globalité et dans sa complexité.

Ce spécialiste de philosophie indienne, qui enseigne notamment à l’Université de Bayonne, nous propose un voyage dans « le sillage de la mécanique quantique », à la croisée des disciplines et théories les plus innovantes, nous faisant croiser, outre Ken Wilber, presque fil conducteur de l’ouvrage, Raymond Ruyer et sa Gnose de Princeton, Erwin Laszlo, Carl G. Jung, David Bohm, Karl Pribam, Rupert Sheldrake, Douglas Harding, entre autres chercheurs qui nous introduisent à un nouveau paradigme, déjà relativement installé dans le domaine de la science, mais qui doit encore s’imposer pour ouvrir des perspectives que, probablement, nous ne saurions encore que soupçonner.

Serge Carfantan part de la question de la matière et d’un changement radical de perspective. Nous avons en effet abandonné l’approche atomiste qui a structuré la recherche du siècle dernier pour une vision en terme de structures énergétiques interdépendantes, de champs de cohérence, dans laquelle l’objet se dissout et le vide est réhabilité.

Pour aborder l’étirement des dimensions existentielles jusqu’à la métaphysique, une approche globalisante est indispensable qui inclut la question des états de conscience que Serge Carfantan introduit comme clé de l’ouvrage. La théorie holographique de David Bohm, la théorie de la synchronicité de C.G. Jung, les travaux exceptionnels de Philippe Guillemant, dont nous avons déjà parlés, sur la conscience, le temps, l’élasticité de la Nature, la théorie de la causalité formative de Rupert Sheldrake, la philosophie intégrale de Ken Wilber, le dialogue introduit par Erwin Lazlo entre philosophie indienne et physique avancée, la vision de l’homme sans tête de Douglas Harding, la vision écologique de Teddy Edouard Goldsmith, se combinent de manière créatrice pour interroger le réel et en obtenir des réponses.

A travers la question des NDE, Serge Carfantan aborde le thème de la dimension spirituelle de la conscience, indépendante de l’activité du cerveau avant de clore momentanément par une réflexion profonde sur l’évolution, réflexion qui clarifie les concepts d’évolution, de changement, de processus, de progression, distingue entre trois niveaux temporels, temporalités de la matière, du vivant et de l’esprit, pour revenir à la question de la conscience, finalement véritable sujet de l’ouvrage.

Serge Carfantan conclut :

« Une bonne théorie constitue un pointeur en direction de la Totalité. Une théorie du Tout n’a donc pas pour fonction de s’attarder sur un savoir qui se perdrait dans les détails du relatif. Le nombre de fourmis sur Terre, la masse de l’eau des océans, le nombre des morts à Waterloo ou je ne sais quoi d’autre. Ce qui nous intéresse, c’est la structure fondamentale de l’Univers, la Manifestation comme Manifestation de la Totalité, à la fois du point de vue de l’observable, et simultanément du point de vue du participable. Du point de vue de l’étude de l’univers objectif, dans les différents quadrants qui lui sont consacrés et du point de vue subjectif de la conscience. C’est indiscutable, la Totalité se donne à nous, l’Univers est ordonné de manière très précise et ordonné dans une Totalité.

En tant qu’êtres humains, nous ne pouvons pas nous en dissocier, nous en faisons partie ; de par notre structure corporelle nous sommes inscrits dans la Toile de la vie ; de par notre structure mentale, nous pensons dans l’Esprit ; notre âme plonge dans la psyché du Cosmos tout entier. Si nous mettons entre parenthèses le mirage égotique d’une existence séparée, nous voyons que chacun d’entre nous est non seulement la vague d’une existence individuelle, mais l’océan tout entier qui fait corps avec la vague. »

Nous retrouvons dans ce travail remarquable certains fruits des approches non-dualistes, qu’elles soient orientales ou occidentales.

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