Les 33 degrés de la Sagesse ou l’initiation des Francs-maçons

Tout collège véritablement initiatique a, en son sein, au moins un Compagnon de métier qui veille à la rectification par le rappel opératif. C’est donc sous la forme d’un dialogue entre un questeur et un Maître d’œuvre que Christian Jacq a, au tout début des années 1980, proposé cette réflexion aujourd’hui disponible. C’est aussi un dialogue entre la symbolique de l’Egypte antique, si familière à l’auteur, et le langage de pierres et d’images des bâtisseurs de cathédrale. A une époque où le symbole est toujours placé sous le joug de la réduction psychanalytique, cet essai veut rendre le symbole à sa vie opérative :

« Le Christ souhaitait que les êtres humains aient des yeux pour voir et des oreilles pour entendre ; face aux chapiteaux, ces paroles de pierre, il est nécessaire, en effet, d’utiliser la vue et l’ouïe, en s’interrogeant sur leur signification, et en sachant qu’aucune vérité définitive et absolue ne saurait être atteinte, sous peine de rendre « le cœur étroit », selon l’expression égyptienne. »

Plonger dans ce livre, c’est réveiller l’indispensable attention aux signes sans laquelle le voyage initiatique est stérile. Le symbole n’est pas destiné à la réflexion, fusse-t-elle philosophique, mais à l’intégration ou au réveil de l’énergie archétypale représentée par le symbole. Exemple avec le taureau :

- « Tu as peur ?

- Non mais je ne crois pas que toutes les épreuves subies par l’homme conduisent à l’initiation. Il y en a qui le détruisent.

- Ce qui compte, c’est l’épreuve qui s’ouvre sur une transformation.

- Autrement dit, s’améliorer soi-même…

- Ce ne serait pas suffisant. C’est le changement d’état qui compte. Celui qui regarde ces sculptures et qui frappe à la porte du temple n’est pas n’importe qui. C’est un postulant, un homme qui demande à vivre en esprit et en vérité. A celui qui fait cette demande, les initiés répondent : Deviens arbre sec, taureau, lion, passe d’état en état pour devenir arbre fleuri. (…)

- Devenir taureau, cela ne signifie pas que l’âme humaine passe dans le corps de l’animal. Mais c’est la possibilité pour l’homme d’acquérir la qualité symbolisée par le taureau. Se transformer en taureau, c’est acquérir la puissance vitale, capable de surmonter toutes les inerties du quotidien. C’est pourquoi le roi d’Egypte avait la force du taureau. »

Ce bref échange devrait suffire à faire saisir la dimension opérative du symbole. Nous ne sommes pas ici dans un simple développement personnel, « s’améliorer soi-même », mais bien dans une transformation gradualiste, ici représentée par 33 degrés. Les sept premiers degrés traitent des obstacles à l’initiation. C’est avec le 8ème, « l’arbre sec ou la première prise de conscience, que le procès initiatique s’engage réellement jusqu’au 33ème, « l’arbre fleuri ou la communauté des bâtisseurs ». Taureau, dragon, dauphin, colombe, éléphant, serpent, épée ou autres sont de véritables agents générateurs d’états de conscience différenciés qui permettent de traverser la dualité par un changement de regard qui d’enténébré, devient pas à pas plus sensible à la lumière jusqu’à pouvoir demeurer en son cœur.

La richesse de ce livre réside bien entendu en son contenu, à la fois accessible et subtil, mais surtout en la démonstration faite de la mise en œuvre des symboles.

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