Egypte : le passage de Carole Aliya

L’initiation ne supporte ni la grandiloquence, ni les effets de manche, ni l’exposition, ni le bruit. L’authenticité réside dans le silence, l’élégance minimaliste et l’interne. Le voyage est au cœur du procès initiatique et c’est en Egypte que Carole Aliya a laissé venir à elle la matière de ce livre lors de deux séjours intitulés « Retrouver sa divinité » et « Le passage pour renaître ».

Loin de toute rhétorique, de toute érudition stérile, de toute polémique intellectuelle, elle avance sans adhérence dans les multiples facettes de l’expérience spirituelle. Elle invite à plonger dans la Ténèbre, et non les ténèbres, la demeure de l’Être.

« Ce qui est initié ici, dit-elle, est le chemin de la transcendance par la purification de nos croyances, de notre ego pour qu’il se remplisse de Lumière, qu’il se réajuste, s’élève, grandisse. Comment parvenir au Père si vous avez un ego démesuré, ou si vous êtes dépassés par les problèmes du passe, non guéris, abusés par des illusions mal faites ou des illusions parfaites ? Comment y parviendrez-vous si vous ne déposez pas vos bagages ici présents et si vous ne vous laissez pas faire par Lui, si vous vous accrochez à vos acquis, à votre savoir, à vos diplômes, à vos titres de thérapeute ? Comment comptez-vous y parvenir avec un ego non purifié ? »

Carole Aliya invite à une nudité permanente conduisant à la non-séparation, à l’accueil de ce qui se présente. Dépouillement, guérison, amour, liberté, rayonnement constituent quelques-unes des étapes de ce chemin très christique mais qui transcende les formes, les identifications, les nominalisations et les attributs. Tout peut être traversé pour une toujours plus grande clarté pour un éveil sans fin. A chaque pas, la place se fait plus vaste pour l’être. La respiration se fait offrande et abandon. Le regard se fait étonnement. La conscience est émerveillement.

« Le souffle de Dieu, insiste-t-elle, est cette force qui balaie tout sur son passage. (…)

Néanmoins, au lieu d’aller vers cet infini, nous stigmatisons notre passé. Nous le travaillons, retravaillons, « thérapeutons » dans tous les sens, avec une multitude d’outils. La vie nous invite pourtant à balayer tout ce qui n’est plus, à être présents à ce qui est et à aller vers nous : va. C’est l’enseignement du christ, cette puissance qui se révèle en nous et nous rend plus conscients et plus libres. Si au lieu de nous concentrer sur nos souffrances, nos épreuves, nous nous tournions véritablement vers Dieu, nous nous laisserions habiter par Lui, nous grandirions et nous serions lavés de notre passé. »

Cette libération passe par une réconciliation avec la chair, une chair allégée qui puisse, dans la lumière, accueillir l’Esprit.

« Quoique nous fassions, l’important est de chercher à s’incarner encore et encore. Nous qui cherchons l’Esprit, la Sagesse, dans le ciel, c’est sur terre qu’elle est en réalité. Plus nous allons vers la matière avec des valeurs humaines et une conscience de la vie, plus nous nous élevons en vérité. Plus nous cherchons à nous élever, et plus nous risquons de nous déséquilibrer. Il est très important de vivre ce que nous avons à vivre et de ne pas essayer de le fuir ou essayer d’aller en haut avant même d’y être prêt, de toucher à des outils de « pouvoir » ou de l’irréel. C’est dans l’événement que tout se joue. C’est au creux même de la vague que le Christ peut se manifester.

Laissez-Le vous fissurer, ou laissez-vous fissurer par la vie, c’est le seul moyen pour qu’Il pénètre dans votre cœur. Si vous ne vous laissez pas ébranler, vous ne pourrez vous sacrifier et vous rendre humble. Si vous restez droits, ce sera une droiture de l’ego, de l’orgueil. Laissez-vous faire et emporter par le silence des profondeurs. Vous en reviendrez éveillés à vous-même. »

Ce texte, d’une grande exigence, est aussi d’une grande bienveillance. La justesse du propos conduit le lecteur à sauter dans le vide et à déployer ses ailes.

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