Bernard témoigne du passage de la culpabilité héritée d’une éducation basée sur la permanence du péché, à au bonheur qu’il a obtenu avec la réalisation du Soi. Pendant longtemps cette réalisation qu’il espérait de tout son cœur, lui semblait quelque chose qui ne pouvait être atteint que par des êtres d’exception comme Ramana Maharshi ou Sainte Bernadette.
Il croyait cela jusqu’à ce qu’il fasse deux expériences décisives, la première en 1995 au cours de la quelle il a vécu un état d’absorption temporaire dans le Soi ; avec la seconde, eut lieu l’expérience finale au sortir de laquelle toute identification à une forme particulière avait disparu. « Le spectateur et le spectacle ne faisaient plus qu’un, la connaissance « Je Suis » était permanente et s’imposait d’elle-même, sans que le mental ait à intervenir ». Bernard n’en est jamais revenu !
Bernard conseille à ceux qui souhaitent suivre ce chemin, réaliser cette non voie, d’écouter les conseils, de méditer et de vivre les enseignements de Ramana Maharshi : « Si l’on observe la notion de Je, le mental est absorbé en CELA…. Observer c’est simplement être le TEMOIN. Témoin de quoi ? D’Etre ! Seul le Soi existe et le plus merveilleux et c’est un comble : l’ego le sait parfaitement ! Mais le seul moyen dont dispose l’ego pour continuer d’exister, c’est de simuler l’ignorance ». Bernard, comme Ramana Maharshi, invite à observer aussi souvent que possible cette sensation d’être qui ne peut venir de l’ego.
Le mental ne peut comprendre le Soi. Même l’auto-investigation ne peut être permanente. Seul le Soi est permanent. Le Soi n’est pas un objet sur lequel nous pourrions nous concentrer. Le Soi sera toujours inaccessible au mental. « Pour le SOI, c’est-à-dire notre nature réelle il n’existe ni périodes d’activité, ni périodes de non-activité, il n’y a rien en dehors du SOI et dans le SOI, il ne se passe jamais rien ». Que faire alors ? « Cultivons l’attitude TEMOIN, simplement être présent à soi-même, c’est tout et c’est simple… l’essentiel est de réaliser non pas qui est concentré, mais QUI permet que cela soit possible ».
Se pose alors la question de la légitimité de la recherche spirituelle puisqu’il ne s’agit pas d’obtenir une qualité supplémentaire mais plutôt d’un être qui se débarrasse de son individualité. Etant admis que nous sommes le Soi, la recherche est une recherche en négatif, simplement réaliser ce que nous ne sommes pas. « Montrer le faux comme faux pour enfin être ce que nous sommes réellement, le Soi. … Vous n’êtres pas votre corps, (ni votre esprit) découvrez ce que vous êtes réellement ! ».
Pour Bernard, la clé de la réussite de ce que nous continuons improprement à définir comme recherche spirituelle, réside dans l’intensité de la recherche. « L’intensité fournira les moyens. Seul le but qu’on s’est fixé est important, les moyens sont secondaires… seule la Passion sans mesure, la conviction que l’échec est impossible et une intense nostalgie de cette sensation d’éternité que nous ressentons au fonds de nous, pour peu que l’on y prête attention, nous mènera au but ».
Certes Bernard semble apparemment ne pas répondre à la question : que faire lorsqu’on n’a plus cette intensité ? Cette question est inévitable à un moment où à un autre sur la Voie, elle apparaît lorsque par épuisement de tous les possibles, lorsque le voile n’ayant pas encore été déchiré, l’être n’a plus l’énergie de cheminer sur un chemin où tout semble illusoire a envie de tout abandonner. Instant critique difficile à traverser pour tout chercheur. A y regarder de plus près, Bernard nous donne la clé : « L’ego n’a absolument pas le choix : ou bien il continue d’être alimenté par nos pensées et alors il vit et agit en patron ; ou bien nous essayons de démasquer l’usurpateur en le traquant continuellement et tout naturellement, il rendra les armes parce qu’il ne pourra pas lutter indéfiniment. Son existence dépend uniquement de la réalité que nous voulons bien lui accorder. Si nous prenons conscience qu’il n’est que l’ombre bien éphémère du soi, il disparaîtra définitivement. » L’intensité se nourrit de la disparition de l’ego dont la clé est l’attention, la vigilance, l’ouverture du cœur.