Pierre Vicenti Piobb (1874-1942) avait un projet bien précis quand il publia ce volume :
« L’heure est venue d’opérer la synthèse de nos connaissances. A force d’analyse, nous nous égarons dans une multitude de faits dont nous n’apercevons plus la coordination. Mais, quand nous voulons rassembler les données de notre expérience positive, quand nous voulons, en un mot, faire la philosophie de nos sciences, notre raison se heurte à des mystères insondables. (…)
Et cependant, il y a une raison à chaque chose, – des dieux, comme des mondes et des peuples. Cette raison se trouve peut-être dans une formule mathématique que donnera sans doute un jour une science nouvelle. On ne la découvrira néanmoins que si courageusement on ose, par la synthèse, sonder l’inconnu qui nous entoure. »
Pour se faire, Piobb conçoit une « Bibliothèque des Mystères » en trois grands thèmes : « Mystères des dieux », « Mystères des mondes », « Mystères des peuples ». Trois traités entendus comme un seul « ensemble d’une philosophie scientifique établie en dehors du temps donc aussi de la chronologie historique, quelque chose comme la synthèse statique de ce que nous pouvons savoir. »
Pour lire cet ouvrage, il faut renoncer aux présupposés historiques pour accéder à la dimension initiatique du mythe.
Piobb s’intéresse d’abord de façon générale à la fonction des religions, aux différentes morales, aux types de sacrements, aux diverses sortes de cultes, aux douze formes de religion, à la dimension initiatique et à la dimension profane des religions.
Le cœur de l’ouvrage est consacré à Vénus, déesse de la chair et à l’enseignement véhiculé par le mythe vénusien, en ses quatre sens ésotériques.
« Un mythe, nous dit-il, doit être considéré comme un document initiatique rigoureux formant la base d’une religion.
Toute fable qui ne présente pas ce caractère de rigorisme est une légende.
Le mythe est construit suivant des règles fixes, immuables parce qu’elles sont l’expression même de la vérité géométrique et que celle-ci ne peut se traduire que d’une seule manière.
Une légende flotte, évolue et subit des transformations à travers les âges et les pays.
Un mythe demeure toujours égal à lui-même. »
Piobb discerne dans le mythe quatre sens principaux : poétique, historique, uranographique, cosmologique. Ces quatre rapports au mythe permettent plusieurs interprétations et génèrent pour Piobb « douze ordres généraux de connaissance ».
Il met en évidence les quatre Vénus, leurs rapports avec le zodiaque et les gnoses supérieures avant d’étudier les « sacrements de la religion de la volupté ». Il illustre son étude par les cas des initiations à Cotyto, Derceto et Cypris et laisse des pistes pour les voies internes tout en donnant des avertissements destinés à éviter quelques égarements. Il envisage les possibilités du culte à la fois dans son rapport à l’essence et dans son rapport à la forme, prend en compte les mécanismes de décomposition ou de désorientation des cultes.
Piobb, à travers le cas de Vénus, rétablit la fonction initiatique du mythe et nous introduit aux sciences traditionnelles, bien publiées de nos jours.
Source: La Lettre du Crocodile