Alchimie. Grand Œuvre et Don de Dieu

Après l’excellente synthèse consacrée aux recherches sur l’orgone de Reich et d’autres travaux de chercheurs d’exception comme Tesla, Lakhovsky, Boutard… (L’orgone. Théories, notes et expériences de François Trojani, Editions Energeia), François Trojani revient sur son sujet de prédilection, l’Alchimie, avec ce livre important à la fois par le fond et par la forme qui renoue avec un mode traditionnel d’écriture par séquences numérotées, brèves et denses.

 

François Trojani s’inscrit dans l’approche la plus strictement traditionnelle, « Des amalgames à l’Alliance » ou de la physique à la métaphysique, de la matière à l’esprit.

Parlant de l’Alchimie, considérant l’impossibilité, salutaire, du langage courant ou sophistiqué à rendre compte de l’œuvre, il avertit :

« On ne peut donc tenter d’en exposer ses principes, qu’au sein d’une sorte de « nébulosité » qu’apportent les mythes et les rêves, l’imaginaire, les symboles, la philosophie et la poésie, sans oublier la Foi. De même, il convient d’ajouter une « souciance », - d’autres diront une passion d’être et de perfection d’élévation vers Dieu ou d’investigation de notre propre principe -, que peu d’êtres humains possèdent naturellement, ne se font pas « voler » par le monde, et peuvent encore poursuivre et cultiver de nos jours. Bien que ce ne soit plus dans « l’air du temps » et généralement, perçue de nos jours comme une « ringardise », Dieu et sa quête forme bien la trame et l’étoffe de tous les écrits des Adeptes. »

François Trojani use du langage propre à l’Alchimie, seul habilité à relier, nous dit-il, la matière à l’esprit.

Parmi les nombreux sujets, souvent principes, abordés, nous retrouvons celui de la conscience au côté du temps, de l’espace, de l’énergie, du réel, de la matière, des archétypes… pour atteindre à la totalité de ce qui s’offre à la perception et à la queste, dans une approche finalement non-dualiste.

« Dans le Grand Œuvre, la matière mouvementée par le travail local de l’artiste avec l’aide du feu, l’a conduit à une connexion, une mise en accord avec le mouvement lui-même qui anime tout l’univers et qui de plus, est sans doute l’origine, au sein d’un de ses vortex, de ce que nous désignons comme la vie et la conscience. En effet, on peut considérer que l’univers est, soit une inconsciente et vaste mécanique, soit, une vaste pensée, dont nous faisons partie. De plus, entièrement connecté avec lui-même, toute action sur une de ses fractales locales, réorganise l’hologramme de son Tout. Il n’existe donc aucun acte ou mise en mouvement de l’objet local, aussi infime soit-il, qui ne se répercute sur l’immensité du tout, en le pressant ainsi à se restructurer à son tour. D’où l’incontestable effet théurgique, à retombées universelles insoupçonnées, du Grand Œuvre accompli, c’est-à-dire une action du local sur l’universel. »

Nous le voyons, son propos croise en certains aspects ceux développés dans son ouvrage précédant.

Trop souvent, le champ traditionnel est cannibalisé par la vision profane alors que le paradigme traditionnel, totalement inclusif, est d’une nature et d’une envergure toute autre, qui se découvre peu à peu par la confrontation avec les paradoxes rencontrés dans la recherche.

« Il y a une autre chose, indique François Trojani, rarement énoncée, concernant l’Alchimie et qu’il convient de souligner. Chaque pas, que l’on fait dans ce jardin, débusque, met en avant une anormalité que l’intellect, la logique et les habitudes héritées, traitent parfois comme des hallucinations. Il convient de ne pas se leurrer sur la nature du phénomène. Il s’agit d’hallucinations vraies, d’hallucinations voulues par Dieu, dont la résolution dote des bottes de sept lieues celui qui en détermine l’origine et le pourquoi et qui entreprend le décryptage du message. »

Les mythes, les légendes, les symboles (« le symbole est le seul mode d’expression d’un contenu à la fois réel et inexprimable, rappelle François Trojani) induisent d’autres paradigmes dans lequel les mythèmes peuvent livrer les opérativités qu’ils cachent et véhiculent tout à la fois.

Le témoignage de François Trojani est d’une richesse dont on ne saurait rendre compte. Il appelle à la simplicité, de la pensée comme de l’être, sans laquelle aucun décryptage alchimique n’est envisageable et, par la multiplication des entrées et des regards, il place le lecteur en situation de traverser l’apparaître pour s’engager dans ce chemin du Grand Œuvre qui n’est que Beauté et Liberté.

 

Source: La lettre du Crocodile

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