L’alchimie du yoga

Ce traité d’alchimie interne propose un « processus de métamorphose intérieure du corps-souffle-pensée ». Il est de première importance et c’est une chance d’y avoir accès.

Il est attribué à Gorakşa, grande figure de la spiritualité indienne des XIe – XIIe siècles, mais pourrait être l’œuvre de disciples.

Il inclut des extraits de traités antérieurs, procédé courant dans les tantras. Il s’adresse à des yogin et plus largement à tout individu en queste.

Certains des cent soixante-douze versets indiquent en langage crépusculaire certaines pratiques réservées aux pratiquants avancés. Le texte fait partie du corps d’enseignement des Nāthayogin. Si la transmission orale est fondamentale, ce courant n’a pas été avare de textes remarquables.

Parmi les sources de l’enseignement de Gorakşa, nous rencontrons Matsyendranātha, grand poète bengali, qui s’inscrit dans le système Kaula du shivaïsme non-dualiste du Cachemire. L’ouvrage est formé de quatre parties.

La première partie aborde « l’exposition à la réalité non-duelle, à la fois lumière et énergie, symbolisée par Shiva et Shakti, le dieu de la conscience infinie et sa parèdre ».

La deuxième partie présente la doctrine du yoga spécifique aux Nāthayogin, une catharsis « pour accéder à l’espace à la fois vide et plein du Cœur ».

La troisième partie traite du corps et de l’énergie cosmique. La non-séparation permet de reprendre « conscience de l’immanence de l’absolu, en tout phénomène, comme son corps et sa conscience ».

La quatrième partie « introduit aux degrés supérieurs du yoga : la dissolution du mental, l’attention au son intérieur, puis, après avoir fait une description du yogin parfaitement libre et détaché, l’avadhūta-yogin, il évoque la grandeur du maître véritable ».

« Cette démarche, indiquent Colette Poggi et Claire Bornstain, revient à faire de soi un domaine (pada) où s’actualise ce mouvement de retour au centre, le domaine atemporel de l’originel.

Le corps du yogin joue ici un rôle éminent : il est en effet imaginé et éprouvé comme un espace vibratoire structuré dont l’axe central est parsemé de lotus (padma) ou de roues (cakra). Dotés d’une puissance d’éclosion et d’épanouissement, ces centres vibratoires suggèrent le cheminement du yogin : du monde clos de l’individu centré sur son moi, à l’espace ouvert et vivant où il se meut en résonance avec l’univers. Le yoga, comme toute voie de transformation intérieure, serait-il un chemin de crête que l’aventurier trace, au risque du vertige, comme une incessante recréation ? »

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