Publié chez Arma Artis, ce texte, écrit pour la Vierge de Mézières, peut être considéré comme un véritable corpus placé sous le signe d’Elie.
En voici deux extraits :
« Ici bas, l’arbre de vie-et-mort, l’Arbre du Serpent, est le substitut de l’Arbre de Vie ou Arbre d’Immortalité. Nous ne pourrons nous approcher de l’Arbre d’Immortalité que si, comme Moïse, nous avons accès à l’Être en nous, au « Je Suis » symbolisé par le Buisson Ardent. »
« Cependant, avant de retrouver la route de l’Eden, il nous faut entreprendre d’autres opérations. Nous avons dit : commercer avec le Serpent, avec notre âme vitale.
« Ecraser la tête », mais « être mordu au talon ».
Ces images exigent que le Serpent soit sous le pied de l’homme, hiérarchiquement à sa place. Mais, inversement, c’est par le talon, c’est par la base de l’âme spirituelle que le Serpent, que les forces de vie se communiquent à l’esprit de l’homme.
C’est à ce prix que nous deviendrons « Quis ut Deus », MI-KA-EL. On l’a compris : invoquer saint Michel, vainqueur du dragon, ne veut pas dire simplement brûler un cierge sur un haut lieu, mais de ce lieu, plonger le dard vers le bas, participer activement à la lutte intime avec le Serpent.
Nous retrouvons ici la signification du combat entre le héros et le dragon. La morsure est une blessure, mais un don par quoi l’homme communique avec les profondeurs de la terre et de la vie. Au moment de mourir, le dragon se révèlera comme un allié et un sage conseiller. L’absorption de son sang permettra au héros de comprendre le langage de l’oiseau.
Le mythe nous suggère donc une chance à ne pas compromettre. Les énergies obscures de la vie et de la mort peuvent, sous certaines conditions, se transformer, se transmuter, se sublimer pour devenir « source de régénération », « fontaine de jouvence ».
La morsure au talon, qui attaque l’âme spirituelle par la base, est indispensable au travail qui conduira l’homme à la perfection. C’est le « contre » en vue du « pour », le « non » en vue du « oui », l’aide promise par Dieu dans la Genèse.
En ce sens, nous savons que saint Jean, « le disciple bien-aimé qui ne mourra pas », s’était fait du serpent un ami, alliant ainsi « la douceur de la colombe » à « la prudence du serpent », la vertu de l’âme spirituelle à la vertu de l’âme vitale.
Le Serpent réconcilié avec la Colombe devient un emblème de l’Esprit Saint, l’amphisbène, oiseau et Serpent, cher à la sagesse hermétique. Ce serpent qu’on voit s’élever du calice de Jean est figuré aussi sur le caducée d’Hermès, le résurrecteur.
C’est donc bien dans cette direction, à la fois contre le serpent et avec l’aide du serpent, que nous pouvons espérer retrouver le chemin de l’immortalité.
Des légendes disent aussi que le dragon défend l’entrée d’une caverne où se tient une jeune fille captive. Saint Georges, figure humaine du saint Michel céleste, viendra la délivrer.
Quelle est cette jeune fille captive ? Et quelle est cette caverne ?
A la base de l’Arbre, à ma base, se tient la Source d’Eau Vive, la femme régénérante. Il ne tient qu’à moi, à mon seul désir, d’y plonger. En ce lieu même réside le secret de la Fontaine scellée. »
A la fois porte d’accès à l’enseignement ésotérique de la kabbale, traité d’alchimie interne et peinture des voies d’éveil, le texte de Henri Giriat en appel bien à la liberté de l’Esprit.