C’est un livre de Flammarion inédit que nous propose les Editions JMG, publié avec l’autorisation de la Société Astronomique de France, héritière de Camille Flammarion.
Camille Flammarion (1842-1925) réalisa la première enquête sur les phénomènes paranormaux. Pendant plus de soixante ans, il compila des observations de tous ces phénomènes qui n’avaient pour lui aucun fondement religieux mais devaient être le fruits de forces naturelles qui échappaient encore à l’investigation scientifique. Il tenta de déduire des lois de ses observations, chaque fois que cela était possible et de les vérifier dans des expériences reproduites plusieurs fois. Nous imaginons sans peine la difficulté d’une telle tâche.
Le livre rassemble donc une somme impressionnant de faits contrôlés par l’auteur, faits qui le conduise à se poser nombre de questions dont la plupart restent sans réponse scientifique aujourd’hui. Cependant Camille Flammarion pose déjà des hypothèses intéressantes qui obligent les lecteurs à s’intéresser à la nature même de la vie humaine.
« Les fantômes existent, écrit Camille Flammarion. Que prouvent-ils ? Ils prouvent l’existence d’un monde inconnu, tout entier à étudier. Cette longue et glorieuse étude a mis à l’épreuve la patience attentive de ceux d’entre mes lecteurs qui ont voulu la suivre ponctuellement : L’inconnu (1900) ; Les forces naturelles inconnues (1906) ; La Mort et son mystère (I 1920, II 1921, III 1922) ; Les maisons hantées (1923). Nous y avons appris beaucoup de choses, mais nous aimerion sen connaître plus encore.
Le chercheur scientifique est loyal et sincère, libre et indépendant, et avide de savoir, estimant toute la valeur de ce mot : savoir ; on ne sait que ce que l’on a appris.
Eh bien, tous ces fantômes, toutes ces manifestations, souvent si curieuses et si stupéfiantes, ne nous ont rien appris sur l’âme humaine, sinon qu’elle existe, sur la survivance, sinon qu’elle existe. Ces phénomènes variés ne nous ont pas plus instruits que les dogmes religieux de tous les cultes. Ces fantômes sont comme des automates, ne sachant rien, ne disant rien. Paradoxe étrange et fâcheux qui m’a plus d’une fois troublé et découragé… Avouons qu’il y a là un immense regret pour les chercheurs de bonne foi, soucieux de connaître la vérité. (…)
Les comparaisons de toutes les observations semblent indiquer que l’âme n’est pas un être simple, mais composé de plusieurs éléments. Certains de ces éléments pourraient être qualifiés de fragments d’âme, ce qui paraît absurde. Ces éléments semblent agir à l’état d’automates. Il y a un nombre considérable d’êtres humains désincarnés, nomades inconscients, insignifiants, et nous pouvons leur attribuer la plupart des manifestations occultes non imputables aux facultés inconnues des humains vivants ; mais il existe aussi des forces inconnues et des êtres invisibles et étrangers à l’humanité. Nous avons reconnu l’existence d’un cinquième élément, non matériel, d’ordre psychique. (…)
On a parfois prétendu que les « sciences occultes » ne font pas partie de la science. A cette objection nous pouvons répondre avec le docteur Gibier qu’il n’y a pas deux sciences. La science est une : c’est l’effort vers la connaissance des lois naturelles, c’est l’étude de la nature, de tout ce qui se passe dans la nature. La chimie, la physique, ont jadis été des sciences occultes ; qui parle d’occultisme aujourd’hui, en physique ou en chimie ? Seulement, il y a deux classes d’étudiants de la science : d’une part ceux qui cherchent à construire le sommet de l’édifice avant d’en établir solidement les œuvres basses et prétendent interpréter la nature avant de connaître les éléments de ses lois. D’autre part, il y a ceux qui avancent prudemment, pas à pas, après s’être assurés de la consistance du terrain, qui fouillent consciencieusement le sol afin d’y découvrir le roc sur lequel devront être assises les fondations de la connaissance. Or le monde visible est établi sur le dynamisme invisible, dont l’étude, au lieu d’être occultée et dédaignée, doit être graduellement élucidée. »